Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

L’édito La médaille du non-sens

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Ça partait pourtant bien. Les Phryges, bonnets phrygiens revisités version peluches et estampillé­s mascottes des Jeux Olympiques et Paralympiq­ues de Paris 2024, ont de la gueule, de la gouaille, de l’originalit­é, de l’identité, de l’âme. Bref, un je-ne-sais-quoi de vent de fraîcheur qui fait que la France a souvent un coup d’avance dans la modernité et la fantaisie. Dans la droite ligne d’une cérémonie d’ouverture hors le stade mais sur les quais de la Seine promise à un retentisse­ment mondial. Et puis patatras. La faute. La chute. La médaille d’or qui s’envole et les lauriers avec... On apprend que nos nouveaux petits amis seront fabriqués... en Chine ! Enfer et damnation. Comment la France, championne du monde de la relocalisa­tion industriel­le (ce n’est pas moi qui le dis, mais notre président qui le prétend) va-t-elle nous faire avaler la couleuvre d’une peluche de 24 cm payée 32 euros qui aura parcouru 10 000 kilomètres en avion avant d’atterrir dans nos foyers ? Bonjour l’empreinte carbone.

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Sans compter le savoir-faire made in France et les emplois qu’aurait pu induire la production sur le sol hexagonal des 2 millions de Phryges promises à la vente. Même le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est ému de cette décision du Cojo (Comité d’organisati­on des Jeux Olympiques) de fabriquer ailleurs. Laissant au passage entendre que le gouverneme­nt n’avait pas été informé de la décision des organisate­urs des JO, une autre incongruit­é ! Comment nous faire croire, qui plus est, que depuis le 13 septembre 2017, date d’attributio­n des Jeux de 2024 à la capitale française, il n’était pas possible d’envisager de créer une chaîne de production française avec nos fabricants de jouets ? Cinq ans pour produire en bleu, blanc, rouge ; créer de l’emploi ; mettre en valeur la filière industriel­le française et son savoirfair­e. Largement suffisant et au moins aussi important que tous les titres (nombreux, on l’espère) que gagneront nos athlètes ! En attendant, le Cojo et son président Tony Estanguet, d’habitude plus visionnair­e, ont décroché un premier prix : la médaille du non-sens. 1. La société Doudou et Compagnie, a qui a été confié le marché avec la société Gipsy, produira 15 % de son quota dans son usine de Guerche-de-Bretagne. Soit 8 % du volume total des peluches produites...

« Cinq ans pour produire en bleu, blanc, rouge ; créer de l’emploi ; mettre en valeur la filière industriel­le française et son savoir-faire. »

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