Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Bagarre de voisinage chez Paul-Loup Sulitzer à Nice

L’écrivain aux 40 millions d’ouvrages vendus, qui vit désormais sur la Côte d’Azur, affirme avoir été agressé par son voisin. Ce dernier, qui a également connu son heure de gloire, s’en défend.

- ERIC GALLIANO

Chacun livre sa version. Comme souvent dans ces différends de voisinage qui virent parfois au pugilat. Sauf que là, les protagonis­tes de l’histoire s’appellent Paul-Loup Sulitzer, écrivain de renom, et Alain Hakem, le pianiste des stars qui fut aussi, vingt ans durant, l’organisate­ur de la Grande parade du jazz à Nice, ancêtre de l’actuel Nice Jazz Festival. Les deux ont connu du beau monde même si, à 80 ans ou presque, les fastes de leurs vies passées semblent bien loin dans cette petite rue du quartier des Musiciens à Nice où ils cohabitent – chaotiquem­ent – désormais.

Au pied d’un des immeubles, le local des Amis de Paul-Loup Sulitzer, l’associatio­n créée par une Mauricienn­e qui se présente comme son «agent» , sert aussi de logement à l’auteur aux 40 millions d’ouvrages vendus à travers le monde. Juste à côté, «à quelques mètres », Alain Hakem, « l’inventeur du piano Île-de-France pour la célèbre marque Pleyel » ,a son atelier de restaurati­on. Même si « les grilles restent le plus souvent fermées », souffle un voisin. Ce dernier a assisté à la scène qui s’est déroulée vendredi 5 avril. Du moins à l’épilogue, lorsque Supriya Rathoar, l’agent de Paul-Loup Sulitzer est sortie la bouche en sang.

«Dusangpart­out»

L’altercatio­n a eu lieu en fin de matinée dans le huis clos du domicile de PaulLoup Sulitzer. « Il est entré, relate l’auteur à succès en parlant de son voisin. Ila frappé Supriya au visage. Il y avait du sang partout. Je n’ai jamais été confronté dans ma vie à une telle violence ! »

L’écrivain aurait lui aussi reçu des coups. « Paul-Loup a été frappé en pleine poitrine », assure Marc Laurenti, un de ses amis qui se présente comme « marchand d’art internatio­nal, collection­neur et philanthro­pe ». Ce dernier insiste sur l’état de santé fragile de Sulitzer qui, après trois AVC, porte un pacemaker. « Il aurait pu le tuer ! »

À ce détail près qu’Alain Hakem assure que ce serait l’agent qui aurait ouvert les hostilités en lui

« mordant le doigt » . Il réfute, en revanche, avoir levé la main sur l’écrivain qui ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant. « Frapper un handicapé c’est comme frapper un mort. Jamais je n’aurais fait ça. J’ai fréquenté les plus grands de ce monde, de De Gaulle à Brejnev en passant par le roi des Belges. J’ai mon honneur pour moi. »

Et il entend bien le défendre. Lui aussi a déposé plainte. Tout comme PaulLoup

Sulitzer. Problème : dans sa plainte initiale, l’écrivain a omis de mentionner qu’il avait été frappé. Peut-être parce que, dit-il, il « ne voulait pas d’histoire ». Tout comme il n’a jamais signalé le comporteme­nt de ce voisin irascible qu’il ne « connaît pas vraiment » mais qui venait régulièrem­ent lui «réclamer de l’argent ».

Là encore, le fabricant de piano et fin mélomane livre une tout autre version : «La première fois que j’ai rencontré Paul-Loup Sulitzer, c’était le 15 mars 1975 sur le plateau du 13-heures d’Yves Mourousi. »

L’huissier de la discorde

Les deux hommes, au sommet de leur gloire, y auraient été invités es-qualités. Ils se sont retrouvés bien des années plus tard dans cette petite rue du quartier des Musiciens à Nice. Voisins de circonstan­ce. Alain Hakem affirme avoir pris soin de l’écrivain diminué par la maladie : « Je poussais son fauteuil, je faisais sa plomberie. » Jusqu’à ce qu’il lui demande s’il connaissai­t un notaire ou un huissier. «Je lui ai présenté le mien mais il ne l’a jamais payé », jure le pianiste. Ce serait l’objet du différend qui a viré au pugilat.

Comme pour tout dans cette affaire, Paul-Loup Sulitzer livre une tout autre histoire. Son voisin aurait tenté de lui faire payer la note, quelque peu alourdie, d’un huissier qu’il n’aurait pas mandaté sur un dégât des eaux dont ils seraient tous les deux victimes. «Le jacuzzi de leur voisin du dessus qui fuit », précise Marc Laurenti.

Voilà qui a tout du différend de copropriét­é classique. Sauf que celui-là est peu banal. Il a donné lieu à des plaintes croisées et a déjà conduit Alain Hakem en garde à vue. Lequel promet de ne pas en rester là. Il appartient donc désormais à la police et à la justice de démêler le vrai du faux. Bon courage.

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(Photo Cyril Dodergny) Paul-Loup Sulitzer et son agent, Supriya Rathoar, dans leur appartemen­t niçois.

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