Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Dans leur costume, les petits deviennent bravadeurs
En deux après-midis, les femmes de l’ouvroir ont habillé les jeunes Tropéziens qui participeront à la bravade. Intimidés, les enfants enfilent le costume de marin ou de mousquetaire avec fierté.
Incontournable tradition locale, la bravade de SaintTropez bénéficie d’une belle notoriété. Mais connaissez-vous réellement son organisation et les petites mains qui perpétuent cette fête votive depuis plus de quatre siècles ? Pour cette 466e édition, Var-matin vous embarque, chaque semaine, dans les coulisses de cette grande célébration. Entre confection des cartouches, ajustement des costumes ou encore répétition de l’état-major à la Citadelle, plongez dans ce long mois de préparatifs avant son commencement le 16 mai.
« C’est vraiment très calme, on a jamais vu ça », s’étonne Odile Gaud. Les dames de l’ouvroir attendent patiemment, assises au milieu de l’Oustaou transformé le temps d’une journée en grand vestiaire. Ce repos est bien mérité pour le petit groupe de femmes qui ont habillé 98 petits Tropéziens en une seule après-midi, la semaine passée. Chaque année, les deux premiers mercredis du mois d’avril, les enfants qui participent à la bravade du 16 au 18 mai viennent chercher leur costume, confectionné et gardé par les femmes de l’ouvroir. L’année dernière, ils étaient 140 à avoir enfilé l’habit de marin ou de mousquetaire. Alors pour les habiller, les petites mains ont configuré le local des Amis de la bravade et des traditions tropéziennes
dans une organisation militaire.
Organisation millimétrée
Chaque pile est rangée par taille, pièce et type de costume, dont certains sont ici depuis 80 ans : pantalon blanc, gilet, vareuse,
marinière, épaulette, bicorne, sabre et même chaussures en cuir. « Avant, nous n’en avions pas. Une année, les parents ont commencé à nous les laisser pour dépanner des familles car les enfants changent vite de pointure et portent finalement peu leurs chaussures. Mais maintenant on en a trop », rit Maryse Astezan.
À la fin des festivités, les petits bravadeurs rendent leurs habits qui sont ensuite rangés dans un casier nominatif. Mais avant, inspection du costume : « Globalement, ils en prennent tous soin. Mais il peut arriver que le bicorne déteigne avec la pluie, qu’ils perdent une épaulette dans la descente de Sainte-Anne, s’accrochent le gilet… » Vient alors le moment du rafistolage jusqu’au printemps prochain. Mais aussi la conception de nouveaux costumes avec, parfois, des éléments difficiles à se procurer : « Les plumes des bicornes viennent de l’un des derniers plumassiers de Paris. Un vieil établissement avec qui nous collaborons depuis longtemps. »
Fierté juvénile
Un parent frappe à la porte et les amies, en train de discuter, se redressent avec le sourire, elles vont reprendre du service. « Je viens pour un petit nouveau de 4 ans », annonce fièrement Marius Hermieu. Son fils, PierreLéon s’avance timidement vers ces visages maternels. Marius observe avec fierté la scène qui lui donne l’impression d’un miroir : « J’ai aussi été un petit mousquetaire. On était avec les copains, on était heureux mais surtout très fiers. »
Les costumières prennent ses mesures à vue d’oeil et le traitent avec grande attention : « Les habits ne sont pas taillés sur mesure donc, parfois, ils sont un peu plus grands ou plus petits mais dans la masse, on ne voit pas la différence. Ils seront tous très beaux. » Derrière, une maman arrive avec son fils, une grand-mère avec son petit-fils. Derniers costumes à distribuer avant la fin de la journée. On ne les reverra que mimai.