Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Léa Balestracci, l’aiguille derrière les Provençales
« Je devais avoir terminé depuis fin mars mais ça sera plutôt fin avril. C’est la dernière ligne droite », souffle Léa Balestracci-Colombano. L’échéance est obligatoire puisqu’elle reprendra son emploi saisonnier après avoir passé l’hiver dans son atelier à confectionner ses costumes. Meilleure apprentie de France à 16 ans, diplômée d’une formation de mode et de couture et très attachée aux traditions locales, elle décide de lancer son affaire de costumes provençaux en 2016. « Le lancement de ma page Facebook avait provoqué un scandale. Les gens se demandaient qui j’étais, d’où je sortais. Ils avaient peur que je dénature la tradition. Mais maintenant mon travail est reconnu et certaines personnes qui étaient méfiantes, viennent finalement me voir », partage-t-elle. Preuve de reconnaissance, l’Oustaou l’a même sollicitée pour coudre les gilets blancs des mousquetaires.
Une histoire de femmes
Sur le coin de sa table, entre les patrons et les aiguilles, repose un livre : Lou vesti provençal. « C’est ma bible », assure-t-elle. Elle s’inspire de ses recueils et de vieilles photos pour concevoir ses pièces, mais difficile de retrouver le même tissu qu’autrefois. Dans les brocantes, à l’étranger, nappes, rideaux, couvertures de lits : la recherche des matériaux est longue, fastidieuse et très coûteuse. Si elle respecte à la lettre les modèles historiques, Léa ajoute une innovation, la réversibilité : « Deux costumes en un et ça ne change pas le prix. » Pour aider les femmes à s’habiller, elle leur livre quelques conseils et une fiche explicative. Autre liberté : afin d’adapter les tenues à la morphologie de la cliente, elle s’autorise de légers écarts sur les mesures. Car le cortège de Provençales en marge de la bravade, c’est avant tout une histoire de femmes : « C’est le moment de mettre en valeur celles qui participent à rendre ces trois jours joyeux et conviviaux. Il faut qu’elles se sentent belles dans leurs tenues. »