Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les mois d’été sont moins prisés par les touristes
Face à une évolution des demandes et un besoin de mieux répartir la fréquentation sur l’année, les offices de tourisme se diversifient et misent sur les atouts encore peu exploités du territoire.
Plages bondées, trafic surchargé, terrasses pleines : le mois d’avril sonne résolument le début de la saison dans le Golfe de Saint-Tropez. D’année en année, les habitants pourraient même avoir le sentiment que les visiteurs sont plus nombreux au printemps. Ce n’est pas une simple impression mais une tendance qui se confirme dans les chiffres de fréquentation.
À La Croix-Valmer par exemple, 1 900 passages ont été enregistrés en octobre 2022 contre 4 700 en 2023. Même augmentation sur les mois de mai, juin ou novembre.
À Gassin, l’office de tourisme a même enregistré une activité plus importante en avril qu’en juillet. Même constat à Ramatuelle ou du côté des communes régies par l’office de tourisme communautaire – Cogolin, La Garde-Freinet, La Mole, Le Plan-de-la-Tour et Le Rayol-Canadel – où les statistiques depuis trois ans sont plus élevées en septembre qu’en août. En revanche, sur tout le territoire un constat est identique : pas d’augmentation sur les mois de juillet et d’août, voire une légère diminution. Désormais, la saison déploie ses ailes.
Rendre l’arrière-saison attractive
S’il est difficile de déduire précisément la cause de cette augmentation, les offices de tourisme ont engagé, depuis quelques années, un long travail afin de rendre l’arrière-saison plus attractive. « Avec notre climat, nos paysages, nous avons une terre bénie des dieux. Finalement, l’été, elle se suffit à ellemême. Sans communication, les touristes viendront quand même.
Donc on se concentre surtout sur les autres mois », explique Bruno Caïetti, directeur de l’office de Ramatuelle.
Au-delà de la communication, un florilège d’activités a bourgeonné offrant un catalogue plus riche à l’année.
Parcours pour les enfants à Gassin, les richesses croisiennes fin septembre, les beaux samedis de Ramatuelle qui passent de huit
concentrés sur septembre et octobre à quatorze étalés sur l’année… Ces rendez-vous viennent combler les trous entre les évènements de grande ampleur comme les Voiles de Saint-Tropez ou le marathon du Golfe. « On encourage aussi les personnes à revenir à d’autres moments de l’année lorsque les rues sont moins bondées et les températures plus douces », argumente Florian Raoux, directeur
de l’office de tourisme de SainteMaxime.
Le patrimoine, un atout
Si les chiffres mettent en exergue une augmentation de la fréquentation hors saison, les agents des offices ont aussi remarqué une évolution dans le comportement de leurs usagers. « Ils ne se viennent plus à l’agence uniquement pour récupérer un prospectus. Ils sont à la recherche de renseignements spécifiques », constate Émilie Myot, responsable d’accueil à La Croix-Valmer. Un changement qui anoblit, par ailleurs, le rôle de l’office de tourisme.
« La demande a progressé. Ce n’est plus uniquement jet-ski et pédalo », vulgarise-t-elle. Le tourisme balnéaire reste l’un des principaux atouts du territoire mais l’attractivité vient à se diversifier. Les vacanciers sont attirés par des lieux de caractères, chargés d’histoire. « Le patrimoine est un vrai levier contre la saisonnalité car il attire toute l’année et même davantage lors des périodes moins fréquentées, plus paisibles pour le visiteur », analyse Remy Pottier-Saffroy, directeur de l’office de Gassin.
L’émergence du tourisme vert
Un atout accentué d’autant plus dans les communes sans littoral comme à La Garde-Freinet, où le conservatoire du Patrimoine propose une belle programmation autour de l’histoire du territoire. Dans ces villages, comme au Plande-la-Tour et à La Mole, se développe aussi un tourisme vert. « D’abord avec le choix des activités comme le VTT ou la randonnée mais aussi dans la conception du voyage. La gestion des espaces protégés, l’économie d’eau, le recyclage des déchets ne sont plus des contraintes mais parfois des critères de destination. Une progression saine et vertueuse que nous souhaitons accompagner », affirme Valérie Perotto, directrice de l’office de tourisme communautaire.