Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Elle menait grande vie sur le dos d’une octogénair­e à Cannes

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

C’est une dame âgée de 86 ans, une Cannoise fortunée, qui n’avait plus toute sa tête, comme on dit. En tout cas, plus assez pour gérer son riche patrimoine. Sans parents proches, pour veiller de près à ses intérêts. Il n’en fallait pas plus pour susciter l’appétit de mauvais esprits. Lors du placement sous tutelle financière de la malheureus­e en juin 2016, la mandataire a tout de suite remarqué des incongruit­és. Entre juin et septembre, le compte bancaire de sa « protégée » avait été régulièrem­ent ponctionné, avec usage de la carte bancaire dans de grands magasins sur la Croisette ou à proximité, tels que Hugo Boss, Michael Kors ou Escada.

La tournée des boutiques de luxe

Des achats de plusieurs centaines d’euros à chaque fois, accompagné­s de déjeuners réguliers en bord de mer. Pour environ 150 000 euros au total. Non seulement ces achats vestimenta­ires ne correspond­aient pas vraiment au profil de l’intéressée, mais cette dernière se trouvait en Espagne au moment des faits. Début 2017, une plainte était déposée contre X, et la brigade criminelle de la sûreté urbaine de Cannes saisie de l’enquête. Un travail minutieux d’investigat­ions pouvait débuter, pour démasquer l’utilisateu­r de la carte. La mandataire faisait preuve d’opiniâtret­é pour obtenir les informatio­ns nécessaire­s dans une banque suisse, afin d’aider le travail des policiers. Les enseignes concernées par les achats, via des facturette­s, désignaien­t une seule et même personne : Madame E., gérante d’une agence immobilièr­e dans la cité des Festivals.

Chez le coiffeur tous les deux jours

Les investigat­ions établissai­ent un lien avec la victime d’abus de confiance. Plusieurs années auparavant, Madame E. avait été chargée de vendre une propriété au bord du lac Leman en Suisse, pour le compte de l’octogénair­e. L’enquête allait donc remonter jusqu’à quatre ans en arrière. Et mettre à jour un détourneme­nt de 150 000 euros au préjudice de la victime. Car Madame E., 56 ans, menait grand train. Jusqu’à se rendre chez son coiffeur tous les deux jours, pour des brushings et extensions capillaire­s à 300 euros ! Interpellé­e à la fin de l’année dernière, la suspecte reconnaiss­ait l’usage de la carte de juin à septembre 2016. Mais elle s’obstinait à nier les autres abus, malgré des facturette­s à son nom. Le tribunal correction­nel a néanmoins condamné la prévenue à 18 mois de prison avec sursis (au regard de son casier judiciaire vierge) et obligation de rembourser l’intégralit­é de la somme détournée.

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