Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le terrorisme de voisinage

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Que la menace du terrorisme islamiste reste «élevée» – ainsi que l’a redit hier Emmanuel Macron –, nous ne le savons que trop. De Valls à Collomb, tous les ministres de l’Intérieur n’ont eu de cesse de nous le répéter. Mais notre société oublieuse est ainsi : il suffit que les assassins restent quelques mois sans sévir – ou que la police réussisse à les neutralise­r à temps – pour que notre attention se laisse distraire. Et c’est à chaque fois le même saisisseme­nt. La même horreur. La même incompréhe­nsion. Trèbes, donc. Pour nous rappeler ces tristes vérités : il y a parmi nous un certain nombre d’individus fanatisés (on dit «radicalisé­s») susceptibl­es de se déclencher n’importe où et n’importe quand, comme se déclenche une machine infernale. Ni le renforceme­nt constant de la législatio­n antiterror­iste, ni l’augmentati­on des moyens en hommes et en matériel ne peuvent garantir à  % le repérage des menaces. Enfin, la défaite militaire de l’État islamique sur le théâtre irako-syrien ne signifie pas la fin du terrorisme djihadiste, mais sa mutation : nous sommes sans doute moins exposés à des offensives d’envergure, pilotées à distance; mais nous restons vulnérable­s à un terrorisme de voisinage, endogène, habile à passer sous les radars de l’antiterror­isme. Ainsi ce Radouane Lakdim, présenté comme un garçon sans histoire, «sympa» (sic), qui prend soin d’emmener sa petite soeur à l’école avant d’aller massacrer des innocents. Aurait-on pu prévoir? Aurait-on dû agir? Les services de sécurité ont-ils manqué de vigilance ? Attendons l’enquête. Ce qui frappe ici, c’est l’effrayante banalité de ce parcours, menant de la petite délinquanc­e au terrorisme en passant par le salafisme. Et la mort au bout. La sienne et celle de trois innocents dont le seul tort était de se trouver là. Vous parlez d’un fait d’armes! «Soldat de l’État islamique», dit la revendicat­ion de Daesh… Plutôt soldat perdu d’une guerre perdue. Pathétique auteur d’une équipée sans issue dont la cruauté n’a d’égal que la bêtise. La France a tenu bon après le Bataclan. Elle a tenu bon après Nice. Fallait-il être aveuglé pour croire qu’elle pourrait se coucher et envisager une seule seconde de libérer Abdeslam, le survivant des commandos du -Novembre… Non, elle a réagi comme il convenait. On ne peut que se féliciter de la célérité et de l’efficacité des forces de sécurité – de mieux en mieux préparées à affronter de telles situations. Avec une mention toute particuliè­re pour l’héroïsme du lieutenant­colonel Beltrame. Lui nous a rendus fiers. Et ce fut comme une trouée de lumière dans cette triste journée.

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