Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Masquelier et Geisler seront face à face au tribunal
L’ancien adjoint à l’urbanisme, destitué pour des soupçons de favoritisme, attaque le maire pour diffamation publique. Le premier magistrat se dit « serein » et prêt à contre-attaquer
Je suis parfaitement serein. Et plutôt satisfait, au fond, que la justice soit saisie. » Frédéric Masquelier hausse les épaules. « Que vous dire d’autre ? Sinon que, dans cette affaire, du début à la fin, Alfred Geisler aura fait preuve d’un manque total de discernement… » Le premier magistrat a reçu, avanthier par huissier, une citation directe à comparaître devant le tribunal correctionnel de Draguignan. Le mercredi 6 février, à 13 h 30, il retrouvera son ancien adjoint à l’urbanisme qui l’accuse de diffamation (1). Alfred Geisler fonde sa plainte sur les propos tenus par le maire lors du conseil municipal du 13 septembre dernier. Ce soir-là, avant de lui retirer sa délégation, Frédéric Masquelier accuse l’élu d’être intervenu pour permettre à l’un de ses amis d’installer, de façon permanente, un food-truck à proximité du port de Santa-Lucia. Il pointe l’occupation de « quatre places de stationnement, pour une durée de douze ans, moyennant une redevance mensuelle de 165 euros. »
« Il a fait courir un risque pénal à la Ville»
Le mémoire rédigé par Me Jean-Baptiste Raffin, l’avocat d’Alfred Geisler, cite d’autres apostrophes
du maire à son client : « On pourrait évoquer notamment les très nombreuses sollicitations que vous avez faites pour que [votre ami] ait des places de parking, pour qu’il ait un panneautage particulier, pour qu’il puisse exercer son activité sur le port. Les très nombreuses interventions auprès des services, des uns et des autres, pour que les affaires de votre ami puissent prospérer. [...] Ce qui pose problème, ce sont les intérêts, au pluriel (2), que vous aviez dans cette opération. » La position d’Alfred Geisler, sur ces questions, n’a jamais varié : il affirme que Frédéric Masquelier était informé «dès le départ» de ce projet et qu’il n’a fait que « transmettre ses instructions ». « D’ailleurs, précise l’ancien adjoint, je n’ai pas la compétence
pour accorder les autorisations : c’est [le maire] qui décide. » Le successeur de Georges Ginesta
est tout aussi catégorique : «Alfred Geisler a tout piloté, en me présentant seulement l’autorisation finale à signer – ce que j’ai, bien évidemment, refusé de faire. Je persiste et signe : son comportement a fait courir un risque pénal à la municipalité !» Selon toute probabilité, le débat ne sera pas tranché le 6 février. Le tribunal devrait renvoyer le procès à la fin de l’été ou à l’automne. « J’ai l’intention de contre-attaquer,
précise Frédéric Masquelier. Je vais demander des dommages et intérêt, que je reverserai à des associations locales d’intérêt général. »
Sa voix se durcit : « J’espère qu’Alfred Geisler n’aura pas le culot de demander à la Ville de prendre en charge ses frais de justice ! (3) Ce n’est pas au contribuable de payer pour ses erreurs. J’assumerai également, moi-même, les frais qui m’incomberont. »
1. « Diffamation publique contre un citoyen chargé d’un mandat public à raison de ses fonctions. » 2. Allusion au fait que le fils d’Alfred Geisler, « temporairement au chômage, allait donner un coup
de main à ce commerçant » selon les termes de l’adjoint à l’urbanisme. Ce dernier a précisé, dans un second temps, qu’il s’agissait d’un « contrat de 15 heures pour 600 euros par mois ».
3. Par le biais de la protection fonctionnelle.