Var-Matin (Grand Toulon)

Afghanista­n : Obama renonce au retrait des troupes d’ici fin 

Le président des États-Unis a annoncé, hier, une pause dans le rapatrieme­nt des 9 800 soldats toujours en place sur le terrain. Il estime que les forces afghanes demeurent trop fragiles

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Le président Barack Obama a annoncé, hier, le maintien de plusieurs milliers de soldats américains en Afghanista­n au-delà de 2016, jugeant cette présence indispensa­ble pour aider des forces afghanes encore trop fragiles. Malgré la fin officielle des opérations de combat depuis dix mois, cette décision de prolonger encore une interventi­on militaire qui a débuté il y a 14 ans constitue un revers pour le président démocrate, élu en 2008 sur la promesse de mettre fin aux guerres en Afghanista­n et en Irak. Si des progrès ont été enregistré­s, « les forces afghanes ne sont pas encore aussi fortes qu’elles doivent l’être », a-t-il reconnu, soulignant les avancées des talibans en particulie­r dans les zones rurales.

Une sécurité « très fragile »

Mettant également en avant l’« émergence de l’EI », le groupe État islamique, il a jugé que la sécurité du pays était toujours « très fragile ». « Je ne laisserai pas l’Afghanista­n être utilisé comme un repaire pour terroriste­s dans le but d’attaquer encore notre pays », a martelé le président américain qui ne verra donc pas les troupes américaine­s quitter le sol afghan avant son départ de la Maison Blanche en janvier 2017. Le commandant en chef des forces armées a annoncé le maintien des 9 800 soldats américains présents sur place « pour l’essentiel » de l’année 2016. Au-delà de 2016, 5 500 soldats seront maintenus sur un petit nombre de bases parmi lesquelles Bagram (près de Kaboul), Jalalabad (est), et Kandahar (sud). « Ce maintien modeste mais significat­if de notre présence (...) peut faire une vraie différence », a assuré M. Obama. Jusqu’à présent, Washington espérait ne laisser fin 2016 qu’une force résiduelle d’environ un millier d’hommes à l’ambassade à Kaboul. L’administra­tion Obama insiste sur le fait que la « mission de combat » américaine est terminée et que ses forces continuero­nt à mener « deux missions ciblées » : l’antiterror­isme et l’entraîneme­nt et le conseil aux forces afghanes. Plus de 2 300 soldats américains ont perdu la vie dans la vaste interventi­on militaire en Afghanista­n déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. À plusieurs reprises, le chef de l’exécutif afghan, Abdullah Abdullah, s’est prononcé en faveur d’une modificati­on du calendrier américain. « Le besoin d’une poursuite du soutien aux forces afghanes est évident », a-t-il estimé récemment.

Un soutien « crucial » à l’armée afghane

Un point de vue partagé par l’Otan, qui a salué, hier, a décision du président Obama, estimant qu’il était « crucial » de continuer à soutenir l’armée afghane. Plusieurs offensives récentes des talibans, comme à Kunduz (nord), ont montré que les forces afghanes ne parvenaien­t pas toujours à tenir leur terrain toutes seules, malgré les quelque 60 milliards de dollars dépensés par Washington depuis 14 ans pour les équiper et les former. Dans une déclaratio­n à l’AFP à Kaboul avant l’interventi­on de M. Obama, un porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahid, a d’ailleurs promis que la rébellion continuera­it ses attaques « jusqu’à ce que le dernier envahisseu­r soit expulsé ».

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(Photo AFP) « Je ne laisserai pas l’Afghanista­n être utilisé comme un repaire pour terroriste­s dans le but d’attaquer encore notre pays », a martelé Barack Obama, président des États-Unis.

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