« Avant de prendre rendez-vous, répertoriez tout ce qui ne va pas. »
Avant de prendre rendez-vous
Faire un premier travail de défrichage Prenez déjà le temps d’analyser votre motivation : avez-vous envie d’entamer une démarche qui va vous prendre du temps, de l’argent? Il est important ensuite de distinguer les techniques de psychothérapie – qui soignent – des techniques de coaching – qui visent à s’améliorer. Si vous souhaitez développer votre créativité, mieux gérer votre temps ou vos émotions, un coach sera indiqué. Si vous souffrez d’un symptôme gênant, que vous vous sentez dans une impasse dans votre vie actuelle, c’est la thérapie qui s’impose.
Effectuer une auto-analyse Vous avez opté pour la thérapie ? Avant de prendre rendez-vous, répertoriez tout ce qui ne va pas et tout ce que vous voudriez changer, quitte à le coucher noir sur blanc sur une feuille. Cette étape est très importante : on est étonné du nombre de personnes qui vont consulter uniquement parce qu’une amie ou une personne de leur entourage le leur a conseillé. Or, seule la demande que l’on prend à son compte peut être à l’origine du succès. Commencer une thérapie sans être au clair avec ses motivations fait courir le risque de l’abandon.
Alain Gérard
Vers qui se diriger ? Là encore, il faut se poser un certain nombre de questions : ai-je le souhait de me débarrasser d’un symptôme gênant, ou est-ce que j’aimerais prendre mes distances avec un passé trop encombrant ? Si j’ai juste envie de résoudre un problème spécifique – une phobie tenace des voyages en avion, par exemple – sans regarder dans le rétroviseur, les thérapies cognitivocomportementales (ou TCC) et l’hypnose sont indiquées. En revanche, si j’ai le temps d’entamer une démarche plus longue et le désir d’essayer de comprendre pourquoi je suis tenaillé par l’angoisse depuis tant d’années, l’approche psychanalytique sera plus appropriée.
Lors du premier rendez-vous
Qui, quand, combien, comment? Il faut d’emblée parler du cadre de la thérapie, se mettre d’accord sur son déroulement, la fréquence des rendez-vous, le mode de règlement des séances. Dans le cas des TCC, on abordera la durée et le programme d’évaluation qui permet au cas par cas de mesurer les progrès. Dans les thérapies analytiques, le terme est plus difficile à fixer, voire impossible ; mais vous pouvez tout de même en parler avec votre thérapeute, toutes les questions sont autorisées. C’est en levant les malentendus que vous optimisez vos chances de réussite. Enfin, ce n’est pas parce que le professionnel détient le savoir que vous n’avez pas le droit de lui demander s’il est médecin ou pas, quelle formation il a suivie… Vous allez quand même lui confier une partie de votre vie !
Quels sont les écueils, les limites ? De la même façon, il faudrait pouvoir l’interroger sur l’évolution possible. Ceux qui suivent une TCC doivent savoir qu’il peut y avoir des déplacements de symptômes – vous en guérissez un et un autre surgit – tout comme, en psychanalyse, vous risquez d’en passer par des phases d’aggravation, ce travail sur soi pouvant faire resurgir d’anciennes difficultés. Une fois prévenu, vous l’accepterez beaucoup mieux et vous aurez moins tendance à vous décourager. Sachez encore que vous pouvez commencer par une approche et poursuivre avec une autre : certains vont voir un comportementaliste et découvrent l’intérêt de parler d’eux ; une fois leur symptôme réduit, ils poursuivent une thérapie d’inspiration analytique. Il faudrait que chaque spécialiste soit capable de sortir de sa chapelle pour indiquer la démarche qui convient à la personne qu’il a devant lui. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas, bon nombre de thérapeutes étant persuadés de détenir la vérité…
Après cette première consultation
Ecouter son ressenti La psychothérapie est vue parfois comme un devoir à faire, au mépris de son ressenti intime. Même quand le psy ne leur plaît pas, certains poursuivent, la névrose les poussant à répéter dans le choix de leur thérapeute les mêmes impasses que dans leur vie amoureuse. Ainsi, ils se remettent en situation où ils ne perçoivent pas ce qui va être bon pour eux. Il faut sentir que vous allez pouvoir faire un bout de chemin avec votre thérapeute, que vous lui faites suffisamment confiance. Si ce n’est pas le cas, mieux vaut chercher un autre spécialiste.
Psychiatre
1. Avec la collaboration du docteur Brigitte Remy. Aux éditions Albin Michel.