Ça risque de saigner sévère...
Twickenham va assister à une vraie opposition de styles entre les Gallois séduisants et survivants de la poule de la mort et les Boks, recentrés sur le combat « brutal » depuis trois matches
Cela pourrait « saigner » sur le pré anglais. D’ailleurs, les Dragons gallois sont rompus à l’exercice depuis six semaines avec six forfaits à déplorer sur blessures (Halfpenny, Webb avant le Mondial, puis Allen, Scott et Liam Williams, Amos), qui ont refroidi un temps l’ambiance avant de souder les joueurs davantage encore. « Je ne m’attendais pas à une telle hécatombe, on a eu une déveine pas possible, souligne l’ancien ouvreur Neil Jenkins, désormais dans le staff gallois. Les joueurs qui sont arrivés en renfort ont été excellents, et notamment le demi de mêlée Gareth Davies ».
Montagnes russes
Séduisants demi-finalistes en 2011, battus (9-8) par les Français, tout heureux de voir le capitaine Warburton exclu au bout de vingt minutes, les hommes de Gatland ont remis ça cette année, en éliminant le XV de la Rose en poules, en association étroite avec les Australiens. Les Sud-Africains, eux, ont vécu un mondial bien plus pesant. La faute à une entrée en matière catastrophique avec une défaite « historique » (34-32) face au Japon. Ce revers, déshonorant pour la nation arc-en-ciel, a servi d’électrochoc salutaire. Le sélectionneur Meyer a ordonné un retour « à des choses simples » (conquête, pilonnage) pour des Springboks nécessairement « brutaux ». A suivi le broyage en règle des Samoa (46-6), de l’Écosse (34-16) et des États-Unis (64-0). « On avait eu moins de problèmes en 2007, tandis que là, c’est un peu les montagnes russes », confie l’ailier Habana, qui pourrait devenir le meilleur marqueur d’essais de tous les temps en coupe du monde après avoir rejoint le légendaire Lomu (15 essais chacun). « Je crois que cette équipe peut réaliser quelque chose de grand, il fallait retrouver de la fierté après la défaite contre le Japon, poursuit-il. Les trois matches suivants ont été à quitte ou double et une nouvelle défaite aurait conduit à notre élimination ». Et d’enchaîner. « Dans cette compétition, les accomplissements du passé ne vous servent à rien, donc il faudra être parfaitement préparés si on veut gagner samedi. Il faudra encore monter d’un niveau dans l’intensité et s’améliorer dans tous les secteurs de jeu
LES XV DE DÉPART car si on ne hausse pas notre niveau, on ne sortira pas vainqueurs ».
Rapprochement sensible
Pour dominer dans le combat, les Sud-Africains s’appuient sur un savant alliage de jeunes (la deuxième ligne de Jager-Etzebeth), et d’anciens (Bismarck du Plessis, Burger). Aussi, le sélectionneur gallois a choisi de densifier son pack, avec les retours du flanker Dan Lydiate et du pilier Gethin Jenkins. Gatland a également ajouté un zeste de fluidité au sein des lignes arrières, avec la titularisation de Tyler Morgan au centre, à la place du sculptural George North, qui retrouve sa place sur l’aile gauche. Ils auront pour objectif premier de perturber le « milieu de terrain » (10-12-13) springbok Pollard - Kriel - de Allende, talentueux mais un peu court en expérience. Voilà le plan de jeu gallois… Se mettre « sous les roues du camion », via les placages de Dan Lydiate et enrayer les lancements adverses. Et puis espérer que la balance de l’histoire penche pour de bon. Car si les Boks sont hégémoniques depuis la nuit des temps (27 victoires, 1 nul, 2 défaites), les derniers rendez-vous ont confirmé un rapprochement sensible. En juin 2014, les Gallois n’ont craqué que sur la fin (31-30) à Nelspruit, avant de s’imposer cinq mois plus tard (12-6) à Cardiff. Ce fut un combat étouffant, qui a donné des idées au XV du Poireau...
Les chaises musicales...