Var-Matin (Grand Toulon)

Handicapé après son accident, il est condamné

Un an et demi après son grave accident, un trentenair­e a comparu en fauteuil roulant et lourdement appareillé devant le tribunal. Une peine ferme avait été requise contre lui

- P. POLETTO

Le 16 août 2014, un Toulonnais d’une trentaine d’années est victime d’un grave accident alors qu’il se trouve sur une moto. Après avoir perdu le contrôle de son engin, il percute violemment un poteau sur l’avenue Gasquet à Toulon. Secouru par un employé d’une station- service située à proximité, l’homme est dans un état grave.

Quatre fois le taux

Pris en charge par les secours, il sera hospitalis­é durant de nombreux mois. Lors du dépistage d’alcoolémie, il apparaît que le motard a consommé plus que de raison de l’alcool au cours des heures précédente­s. Le taux relevé dépasse les 1,15 mg/l d’air expiré (soit quatre fois le taux autorisé). Ce soir-là, il est sorti avec un ami dans le quartier de la gare et le duo a enchaîné les verres. S’ils sont rentrés à pied au domicile de l’ami, il a enfourché le deux-roues qui appartient à son partenaire de soi- rée, passableme­nt éméché, pour aller chercher des cigarettes et rentrer chez lui. Ce jeudi, l’homme désormais handicapé et coincé dans un fauteuil roulant et lourdement appareillé a comparu devant le tribunal correction­nel de Toulon pour conduite en récidive sous l’empire d’un état alcoolique. Après maints renvois de l’affaire devant le tribunal correction­nel, en raison de l’état de santé et des différente­s hospitalis­ations du mis en cause, la représenta­nte du parquet de Toulon a prononcé des réquisitio­ns fondées sur la récidive de l’homme. Il a été relevé que l’accidenté a déjà été condamné pour des faits similaires par le passé et que ce premier coup de semonce judiciaire n’avait pas été entendu. Dans cette logique, il a été demandé dix-huit mois d’emprisonne­ment dont une partie assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans, une annulation du permis et l’interdicti­on de le repasser avant un délai de deux ans.

« Sa peine, il la purge tous les jours »

En défense, Me Kozan, son avocat, s’est insurgé contre la sanction requise qu’il a trouvée « déplacée » en vue des circonstan­ces particuliè­res du dossier. « Nous n’avons pas attendu les réquisitio­ns pour comprendre qu’il ne conduirait plus. Plus jamais. Quand on voit dans quel état se trouve cet homme aujourd’hui, il n’est pas envisageab­le qu’il reprenne un volant. Il ne peut pas ». Au cours de sa plaidoirie, le conseil du prévenu a rappelé le long parcours vécu depuis ce mois d’août 2014 par son client. L’accident. Les blessures graves. Un pied arraché. Des interventi­ons chirurgica­les lourdes qui se succèdent. « Il a subi une greffe de peau et il est toujours en rééducatio­n en hôpital de jour à Renée-Sabran. Sa peine, il la purge déjà tous les jours et certai- nement jusqu’à la fin de sa vie ». Selon lui, les réquisitio­ns qui s’inscrivent dans une logique procédural­e ne sont pas adaptées à la situation. Le tribunal a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de justifier sa non-consommati­on d’alcool. Le permis est annulé avec une interdicti­on de le repasser.

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(Photo P. P.) Me Kozan, en défense du préve nu.

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