L’Assemblée examine la révision constitutionnelle
Dès le premier jour des débats, hier, sur ce projet de loi extrêmement controversé, les divisions se sont exprimées à gauche comme à droite
C’est une Assemblée nationale profondément divisée, à gauche comme à droite, qui a entamé hier les débats sur la révision constitutionnelle. Dans un hémicycle dégarni, notamment à droite, le Premier ministre a défendu le projet de loi constitutionnelle de « protection de la nation » annoncé par François Hollande trois jours après le 13 novembre. Dans une France « en guerre » , il faut « s’armer également avec la force du droit et de la Constitution » . Clamant que les Français demandent « une unité sans faille » face au terrorisme, Manuel Valls a déclaré que constitutionnaliser l’état d’urgence, c’était « graver dans le marbre » son « caractère exceptionnel » , et s’est dit favorable à une prorogation limitée à quatre mois, renouvelables, comme le réclame notamment l’UDI.
« La gauche a jeté nos valeurs aux oubliettes »
L’étendard de la contestation a été porté par la coprésidente des écologistes et ex-ministre Cécile Duflot, qui a dénoncé un projet « inutile » et « dangereux » , où « la gauche, en voulant mettre un adversaire dans l’embarras, a jeté aux oubliettes nos valeurs » . Son réquisitoire et une référence à Vichy lui ont valu une vive réplique de Manuel Valls.
La droite n’est pas plus unie: entre désaccords de principe et arrière-pensées sur la primaire, seule la moitié des députés Les Républicains serait prête à voter actuellement la réforme, selon l’un d’eux. Le chef de file du groupe, Christian Jacob, n’a pas pris la parole, laissant parler au-
tant de pour, comme Guillaume Larrivé, que de contre, comme Nathalie Kosciusko-Morizet. Dans l’état actuel des choses, l’hypothèse d’un Congrès, espéré par l’exécutif pour ratifier ce qui serait la 22e révision constitutionnelle depuis 1958, reste donc très incertaine.