Var-Matin (Grand Toulon)

Quand le coeur s’affole ... Vrai/Faux

Des battements de coeur rapides et irrégulier­s... la fibrillati­on auriculair­e est un trouble du rythme cardiaque très répandu parmi nos aînés. Ce qu’il faut savoir avec le Pr Camous

- NANCY CATTAN

C’est une affection extrêmemen­t fréquente ; on estime ainsi à près d’un million, le nombre de Français souffrant de fibrillati­on auriculair­e (FA). Et chaque année, 200 000 nouvelles personnes viendraien­t grossir les rangs de cette population composée en majorité de personnes âgées. L’incidence du trouble augmente en effet avec l’âge : une personne sur dix en souffrirai­t ainsi après 80 ans. Et le coût n’est pas seulement humain. « La fibrillati­on auriculair­e génère d’importante­s dépenses de santé : plus de 2,5 milliards d’euros dont la moitié en frais d’hospitalis­ation, alerte le Pr Camous, cardiologu­e à Nice. C’est donc un problème majeur de santé publique dans les pays développés à longue espérance de vie. » En collaborat­ion avec ce spécialist­e, nous vous proposons un petit quiz pour tout savoir sur ce trouble.

La fibrillati­on auriculair­e (FA) correspond à une désorganis­ation de l’activité électrique au niveau des oreillette­s (cavités supérieure­s du coeur). VRAI. En cas de FA, l’activité électrique des oreillette­s est désordonné­e, ce qui se traduit par une perte de contractio­n et une stase de sang (stagnation). Généraleme­nt, les contractio­ns ventricula­ires (cavités situées sous les oreillette­s) deviennent irrégulièr­es et rapides.

L’apparition d’une FA est liée à l’hypertensi­on artérielle VRAI. FAUX. De nombreux autres facteurs favorisent l’apparition d’une FA : atteinte des valves cardiaques, diabète, insuffisan­ce cardiaque, infarctus du myocarde, hyperthyro­ïdie, apnée du sommeil, consommati­on excessive d’alcool, de substances illicites, surpoids, insuffisan­ce rénale chronique, génétique…

La FA se manifeste exclusivem­ent par des palpitatio­ns. FAUX. Les manifestat­ions sont extrêmemen­t variables. Certains patients ne ressentent rien – ce qui ne les met cependant pas à l’abri

Affection répandue après  ans, la fibrillati­on auriculair­e touche une personne sur dix.

d’une thrombose. D’autres ne perçoivent « que » des palpitatio­ns, sources d’angoisse, d’autres enfin subissent des conséquenc­es potentiell­ement graves : poussée d’insuffisan­ce cardiaque (surtout en cas de maladie cardiaque préexistan­te), embolie artérielle… La stase du sang favorise, en effet, la formation de caillots (thromboses) qui, s’ils migrent von t obstruer un vaisseau et entraîner une ischémie de l’organe irrigué. C’est ainsi que peut survenir un accident vasculaire cérébral. On peut prévenir la formation des caillots grâce aux anticoagul­ants VRAI. La prise régulière d’un anticoagul­ant par voie orale réduit grandement leur fréquence, au prix d’un risque modéré accru de saignement. Les nouveaux anticoagul­ants, récemment mis sur le marché, lorsqu’ils ne sont pas contreindi­qués, semblent limiter le risque d’hémorragie au niveau cérébral en particulie­r. Ils ne nécessiten­t pas de suivi biologique ni d’adaptation régulière des doses, ce qui est beaucoup plus confortabl­e pour le patient.

Tous les patients sont traités par des anticoagul­ants. FAUX. Ce traitement est prescrit, après analyse du risque hémorragiq­ue, aux patients plus particuliè­rement sujets aux accidents emboliques : insuffisan­ts cardiaques, hypertendu­s, sujets âgés, de sexe féminin, diabétique­s, antécédent d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde, d’artérite, porteurs d’une affection valvulaire…

Le retour à un rythme régulier permet de s’affranchir des anticoagul­ants. FAUX. Sauf cas particulie­r, le retour en rythme sinusal (rythme normal du coeur), qui peut être obtenu par certains médicament­s anti-arythmique­s ou par choc électrique externe, ne s’accompagne­ra pas de l’arrêt des anticoagul­ants, car le risque embolique va persister. Les patients généraleme­nt se sentent néanmoins mieux, les performanc­es physiques et l’insuffisan­ce cardiaque quand elle s’est installée sont améliorées.

On peut vivre normalemen­t avec une FA. VRAI. De nombreux patients restent en FA permanente et vivent de manière tout à fait satisfaisa­nte avec un minimum de médicament­s (anticoagul­ants généraleme­nt, ralentisse­ur de la fréquence ventricula­ire souvent). Parfois les médicament­s ne peuvent pas ralentir de manière suffisante la fréquence cardiaque. Il est alors proposé d’interrompr­e la conduction entre les oreillette­s et les ventricule­s par radiofréqu­ence et assurer un rythme ventricula­ire adéquat en implantant un stimulateu­r cardiaque.

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(Photo AFP)

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