Var-Matin (Grand Toulon)

Les dauphins sont des rois

Pour la première fois depuis 1978, le derby de la Côte d’Azur entre Monaco et Nice aura un intérêt sportif pour le haut du classement. C’est le deuxième qui accueille le troisième. Choc !

- MATHIEU FAURE

Si l’AS Monaco a envie de faire monter la chaleur du Louis-II cet après-midi pour le derby entre le club de la Principaut­é et l’OGC Nice, elle aura la bonne idée d’accompagne­r l’entrée des joueurs par l’hymne de la Ligue des champions. Au fond, c’est le prisme par lequel ce derby azuréen doit être observé. Monaco, dauphin du PSG, reçoit Nice, troisième. En cas de victoire du Gym, la deuxième place serait niçoise, les Aiglons devancerai­ent alors le club du Rocher à la différence de buts. Au-delà de l’enjeu local, il y a pour la première fois depuis 1978, un réel enjeu sportif. Les deux équipes se battent pour le haut du tableau. Pour Monaco, cette deuxième place est un objectif annoncé et avoué depuis le mois d’août. En ce qui concerne Nice, en revanche, on peut dire que l’appétit est venu en mangeant. Troisième au matin de la 25e journée, Claude Puel et sa bande ne l’avaient sans doute pas envisagé au soir de la défaite inaugurale, le 8 août, contre l’AS Monaco à l’Allianz Riviera (1-2). Depuis, Nice a grandi au fur et à mesure de la montée en puissance de Ben Arfa (11 buts en Ligue 1). En chemin, le Gym a battu tous les Européens de Ligue 1 (Bordeaux, SaintEtien­ne, Marseille et Lyon) à l’exception de Paris... et Monaco, donc. De quoi devenir ambitieux. Surtout que les Aiglons produisent du jeu.

Monaco favori ?

Pour s’échelonner, rien de mieux qu’un derby au soleil où les supporters du Gym se feront un malin plaisir à mettre de l’ambiance au Louis-II. Pour l’occasion, le parcage visiteurs dégueulera de fans niçois. Ça va faire du bruit. Un match important pour les deux équipes comme aime le rappeler le latéral droit niçois Jérémy Pied. « C’est un bel objectif d’aller chercher Monaco dans un derby. Les positions au classement donnent du piment et de la hauteur, et plus de regards aussi, j’espère », argue le numéro 29. Même son de cloche chez le vice-président monégasque Vadim Vasilyev pour qui ce derby sera « très chaud, entre deux équipes très bien classées. C’est vraiment un match à 6 points. Nice joue bien mais nous sommes là pour gagner ce match. J’espère que nos supporters seront nombreux au stade, on a besoin d’être soutenu. Ce match est peut-être plus important que les autres » . La visite de l’actionnair­e du club de la Principaut­é, Dmitri Rybolovlev, à l’entraîneme­nt jeudi matin n’est pas simplement le fruit du hasard. Monaco n’a pas le droit de s’incliner comme ce fut le cas l’an dernier, déjà, dans un match disputé à 14 heures un samedi (0-1, le 27 septembre 2014). Sur le papier, Monaco part légèrement favori. Un postulat qui ne plaît pas à son entraîneur Leonardo Jardim. « On est favori avant le match, mais on verra à la fin du match qui l’était vraiment. Dans un derby, ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne, analyse le coach. Depuis trois derbies, ce sont toujours les visiteurs qui l’emportent, on veut changer ça » .

Dirar : « Serrer Ben Arfa »

Au final, ce sont surtout deux équipes complèteme­nt opposées qui vont s’affronter. Le bloc compact, resserré de l’ASM contre le jeu de passes courtes et la possession niçoise. Le faux rythme des Monégasque­s, la vitesse niçoise. Monaco est une équipe sans réel soliste, Nice s’appuie surtout sur Ben Arfa. L’internatio­nal français sera d’ailleurs au centre des débats. Comment défendre sur Hatem Ben Arfa ? Nabil Dirar : « Il faut le serrer, ne pas lui laisser d’espaces. Ben Arfa est vraiment dangereux quand il rentre sur son pied gauche, il faut essayer d’être systématiq­uement à côté de lui. Au match aller, il n’était pas dans sa meilleure forme et Toulalan l’avait bien serré. Cela dit, il ne faut pas se focaliser uniquement sur lui, il y a Germain, Seri, Koziello ». Des hommes mais aussi des systèmes. Face au 4-2-3-1 monégasque, Claude Puel pourrait opter pour le 3-5-2 qui avait si bien fonctionné pour la réception de l’OL (3-0). Parce que ce match, aussi, est une bataille tactique entre deux entraîneur­s : Jardim et Puel. Jardim l’étranger, Puel l’ancien Monégasque. L’actuel entraîneur du Gym a passé 25 ans de sa vie sur le Rocher. Il a tout connu. De l’adolescenc­e au poste d’entraîneur. Alors quand Puel parle de l’ASM, il connaît son sujet : « C’est vrai que Monaco a démontré beaucoup d’efficacité et de régularité. L’expression n’est peut-être pas toujours très aboutie, mais c’est très régulier; ça me laisse dire que c’est une équipe qui en a encore sous le pied » . Leonardo Jardim, lui, est moins prolixe. Mais les derbies, il connaît. Que ce soit à l’Olympiakos du Pirée ou au Sporting CP, Jardim a connu des matches bouillants. Cet après-midi, c’est la place de dauphin qui sera en jeu. Même si le PSG est à des années lumière des deux clubs azuréens, actuelleme­nt, en Ligue 1, les dauphins sont des rois. Alors, à qui la couronne ?

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(Photo Sébastien Botella) Andrea Raggi le pirate, Valère Germain le buteur, lors du match aller, le  août à l’Allianz.

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