Var-Matin (Grand Toulon)

Paradis fiscaux : la France va réinscrire sur sa liste le Panama

La décision a été prise par la France, hier, seulement quelques jours après les révélation­s du scandale des « Panama papers ». Le petit pays d’Amérique latine menaçe en retour Paris

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Le Panama « a voulu nous faire croire qu’il était en capacité de respecter les grands principes internatio­naux. Il a pu obtenir ainsi de ne plus être inscrit sur la liste noire des paradis fiscaux. » La déclaratio­n du ministre français des Finances Michel Sapin, interrogé à l’Assemblée nationale, ne pouvait pas être plus claire. Et la décision d’inscrire à nouveau le Panama sur sa liste des paradis fiscaux après les révélation­s du scandale des « Panama papers » était inévitable. « La France a décidé de réinscrire le Panama sur la liste des pays noncoopéra­tifs, avec toutes les conséquenc­es que ceci aura pour ceux qui auront des transactio­ns avec lui » , a-t-il poursuivi. Selon le secrétaire d’État au Budget Christian Eckert, l’arrêté permettant de réintrodui­re le Panama sur sa liste des États et territoire­s non-coopératif­s (ETNC), nom officiel des paradis fiscaux, sera pris « dans les jours qui viennent » .

« Des mesures de rétorsion »

Conséquenc­e de cette réinscript­ion : « Des sanctions seront prononcées, en tout cas des retenues à la source importante­s seront effectuées sur les transactio­ns entre des sociétés françaises et des sociétés panaméenne­s lorsqu’il n’y a pas de justificat­ion économique » , a-t-il précisé. La France avait retiré le Panama de sa liste de territoire­s non-coopératif­s le 1er janvier 2012, après la signature d’une convention avec les autorités panaméenne­s sur la lutte contre l’évasion fiscale. Bercy avait toutefois précisé être « très attentif à l’évolution des échanges » avec ce pays lors de l’actualisat­ion, en décembre, de sa liste des paradis fiscaux, ju- geant « pas satisfaisa­nte » sa coopératio­n vis-à-vis des « demandes d’informatio­n des autorités françaises » . En réponse à cette annonce, le Panama a annoncé, hier, envisager des mesures de représaill­es économique­s. « Au Panama, il existe une loi qui prévoit des mesures de rétorsion contre les pays qui incluraien­t le Panama sur les listes grises » , a déclaré lors d’une conférence de presse le directeur de cabinet de la présidence, Alvaro Aleman. Concernant la France, « le gouverneme­nt doit analyser la situation et envisager les mesures qui devront être prises, parmi lesquelles figurent des mesures de rétorsion » , a-t-il ajouté. Ce petit État de quatre millions d’habitants est le siège de nombreuses compagnies off-shore. Son secteur financier florissant représente, en comptant les revenus issus du célèbre canal de Panama, près de 80 % du PIB.

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(Photo EPA/MAXPPP) Le Monde a aussi ciblé la Société générale, dans le top  des banques qui ont eu le plus recours à Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore au Panama.

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