Var-Matin (Grand Toulon)

Vrai gendarme

Guy Ratier a connu l’âge d’or de la brigade. Entre 1967 et 1971, avec son épouse, il a habité dans les murs de la gendarmeri­e après son affectatio­n au poste du petit village varois. Récit

-

Var-matin a retrouvé l’un des derniers gendarmes de Saint-Tropez à avoir habité la gendarmeri­e. Son épouse Huguette a même joué avec Louis de Funès !

Amusés et tout heureux d’être là ! Guy et Huguette Ratier, 80 et 78 ans, ne regrettaie­nt pas d’avoir fait le déplacemen­t depuis Toulon pour observer la « nouvelle » ancienne gendarmeri­e de Saint-Tropez, devenue au fil du temps un lieu de pèlerinage touristiqu­e pour les cinéphiles du monde entier. Seule petite ombre au tableau, ils n’ont pas eu de réponse pour une invitation officielle à l’inaugurati­on du musée. « Ça nous aurait plu de participer à l’inaugurati­on », ose-t-elle franchemen­t. Lui conserve une certaine réserve... toute militaire. Un impair qui sera certaineme­nt dissipé d’ici peu... En découvrant la toute récente place Blanqui, livrée en fin de semaine dernière, le tandem joue aux inspecteur­s des travaux finis : «Tu as vu comme c’est transformé !», s’extasie-t-elle. La façade, « elle est bien refaite », observe-til. Madame, elle, aurait « préféré qu’elle reste grise, comme à l’origine ». Mais la place, « on ne l’a jamais connue comme ça. D’ailleurs, ce n’était pas une place mais un parking ».

La chasse aux nudistes...

Les repères sont toujours là :

« L’Hôtel de Paris et Prisunic » (sic). Puis, inévitable­ment et presque simultaném­ent, leurs regards se portent sur l’ancienne gendarmeri­e. Là où ils ont vécu. Entre 1967 et 1971. « Au troisième étage, fenêtre du bout, la cuisine donnait du côté de l’hôtel. On rentrait par devant », racontent-ils en choeur. Les souvenirs sont à portée de main, dans leur coeur. Au tournant des années 70, cinq familles de gendarmes se partageaie­nt le troisième étage de l’édifice. « Les bureaux étaient au second. Les douches étaient au rez-de-chaussée. » Pour l’occasion – et la photo de presse – Guy a ressorti son képi. Ça fait d’ailleurs beaucoup rire son épouse. Guy Ratier avait 30 ans quand il a été affecté dans le petit port varois, en provenance de Savoie, se souvenant d’une vague escale « dans les années 50 quand j’étais dans la Marine ». « J’étais folle heureuse », s’exclame cette Toulonnais­e d’origine. Le couple se replonge avec plaisir dans une époque « où les yachts étaient en bois ». L’ambiance était

au rendez-vous : « Je me régalais le soir avec les peintres sur le port, les spectacles dans la rue. On participai­t

», appréciait Huguette. Mais une brigade où on ne chômait pas. « On disait qu’on prenait les meilleurs gendarmes à SaintTrope­z », car il y avait beaucoup d’activités, témoigne Guy. La circulatio­n automobile n’avait presque rien à envier à aujourd’hui : « Au Trézain, il y avait tout le temps des accidents ». Dans le film, on montrait de beaux bureaux, mais en vérité, ce n’était pas aussi bien. « On avait énormément de travail, surtout avec les plages. » La chasse aux nudistes n’était pas qu’une idée de scénariste­s. Des coupures de presse de Var-matin en attestent : «Oh,ilyen avait pas mal à Pampelonne ! C’était un peu sur la droite du Tahiti », se rappelle le militaire retraité, « même si c’était un peu exagéré dans le film ».

Gendarmes pas si mythiques ?

L’été n’était donc pas de tout repos. « Même la nuit, on tapait à la machine ! Quand j’ai été muté à Toulon, j’ai cru que j’étais en vacances ! » À cette époque, deux films de la série ont déjà été portés sur les écrans : Le gendarme à Saint-Tropez et Le gendarme se marie. Pourtant, au moment du tournage du troisième opus, en 1970, la saga n’a encore pas l’aura qui l’entoure aujourd’hui. « Cela n’était pas du tout mythique. Non, personne ne nous photograph­iait », assure en souriant Guy, qui constate l’engouement du public devant la façade de l’ancienne gendarmeri­e. « Ça fait drôle de voir tous ces gens photograph­ier l’endroit où on a vécu », confie le couple. Dans quelques jours, le monde entier foulera leurs souvenirs...

 ??  ??
 ??  ?? Le gendarme ‘‘Ratier’’ de Saint-Tropez, et son épouse Huguette, sont venus découvrir le décor de l’ancienne gendarmeri­e, quelques jours avant l’ouverture officielle du musée du cinéma tropézien.
Le gendarme ‘‘Ratier’’ de Saint-Tropez, et son épouse Huguette, sont venus découvrir le décor de l’ancienne gendarmeri­e, quelques jours avant l’ouverture officielle du musée du cinéma tropézien.

Newspapers in French

Newspapers from France