Var-Matin (Grand Toulon)

Les Britanniqu­es du sud de la France se « déchirent » sur la question

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Sortira? Sortira pas? À la veille d’un référendum à l’issue indécise, la question sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne fait débat parmi les sujets de sa Majesté installés dans le sud de la France. Varoise depuis plus d’un quart de siècle, Anita Rieu-Sicart, rédactrice en chef de Var Village Voice, une newsletter varoise en langue anglaise, a choisi son camp. Expatriée depuis plus de 15 ans, elle ne peut pas participer au vote – « un

crève-coeur » – mais s’affiche clairement pro-Brexit ! Vantant la santé économique du RoyaumeUni dont le taux de chômage dépasse à peine les 5 %, Anita RieuSicart porte un jugement très critique sur l’UE. « L’économie britanniqu­e va bien, elle crée des emplois. Or, la réglementa­tion européenne asphyxie chaque jour davantage les petites entreprise­s, pourtant de loin les plus dynamiques ».

L’Europe comparée au Titanic

Plus Anita Rieu-Sicart s’informe et plus elle se dit « convaincue que le Royaume-Uni doit tourner le dos à l’UE ». Rien ne trouve décidément grâce à ses yeux. « On dit que l’UE a préservé la paix en Europe. Mais c’est l’OTAN qui nous a protégés d’une nouvelle guerre ». La rédactrice en chef de Var Village Voice va plus loin. Pour elle, le Brexit est ce qui pourrait arriver de mieux à l’UE, qu’elle compare au Titanic filant tout droit dans le fatal iceberg. « Ça l’obligerait à se réformer, à écouter les remarques des autres pays membres. L’UE a besoin d’un électrocho­c

». Retraitée, Anita Rieu-Sicart n’écarte pas une dégradatio­n de sa situation personnell­e si la livre sterling venait à baisser comme l’annoncent certains experts. Mais elle ne croit pas trop à cette vision pessimiste des choses. « Si les Européens ont si peur que ça de la sortie du Royaume-Uni, c’est que l’euro n’est pas si fort que ça. Ce sera peut-être dur, mais notre économie est puissante, on saura réagir ».

« Désastre économique »

Dernier point évoqué : l’immigratio­n. Anita Rieu-Sicart revendique le droit pour le Royaume-Uni de « pouvoir contrôler ses frontières » et réfute toute idée de racisme. Gallois, marié à une Française, Jonathan Usher ne partage absolument pas l’avis d’Anita. Installé à Antibes depuis 2008, lui a pu voter, par correspond­ance. « Pour le maintien du RoyaumeUni dans l’UE ». Dans le monde actuel, face à des géants comme les États-Unis, la Russie, mais surtout la Chine, l’Inde, « des petits pays comme le Royaume-Uni n’ont pas leur place » Et d’affirmer : « Ça fait 40 ans que notre économie est intégrée à celle de l’Europe, sortir de l’UE serait un désastre. Tous les capitaines d’industrie le disent ». Choqué par « le niveau des débats », Jonathan Usher accuse

« la presse populaire anglaise, à droite et ultralibér­ale, de désinforma­tion ». Il précise sa pensée : « Chaque fois que quelque chose va mal, l’Europe est montrée du doigt. Mais ce sont les gouverneme­nts qui décident. Bruxelles n’est

qu’un bouc émissaire ». Galeriste à Toulon, David Mac Millan est, comme la grande majorité des Écossais, proeuropée­n.

« Il y a plus à gagner à rester dans un grand groupe que d’être indépendan­t », avance-t-il. Si toutefois le Brexit venait à l’emporter, il prédit « de gros soucis pour l’UE », voire « un risque d’implosion ». Mais David Mac Millan se veut résolument optimiste. « La sortie du Royaume-Uni serait peut-être un mal pour un bien. Qui dit risque, dit aussi opportunit­é ». Et d’inviter l’UE à être « plus progressis­te ».

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(Photo P.-L. P.) Anita Rieu-Sicart, rédactrice en chef de la newsletter Var Village Voice, dans sa maison de Lorgues.

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