Var-Matin (Grand Toulon)

Le Brexit fait trembler les chefs d’entreprise varois qui exportent…

- K. M. kmichel@nicematin.fr

« Le plus exaspérant, c’est

sans doute l’incertitud­e» confie Jean-Jacques Breban, producteur de vins rosés notamment. Brexit ou Brexmain, incertitud­e aussi, sur les conséquenc­es que le Brexit pourrait entraîner sur les affaires. Le président-directeur général de la société Vins Breban, par ailleurs vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie du Var en charge de la commission Export justement, réalise au Royaume-Uni 10 % de son chiffre d’affaires à l’export. «C’est un marché en pleine expansion, ajoute le chef d’entreprise. C’est un marché nouveau pour nous, qui enregistre une progressio­n de 30 à 40 % depuis deux ans» poursuit Jean-Jacques Breban. Les deux ans de négociatio­ns redoutés

Le plus redouté? « Ces deux ans de négociatio­ns en

cas de Brexit» concède JeanJacque­s Breban, et la déflation possible de la livre (de l’ordre de 25 % selon les analystes financiers Ndlr) si la Grande-Bretagne choisit de quitter la zone euro. Sentiment partagé par Olivier Manière, directeur général du Temps des mets et de la Conserveri­e Au Bec fin. Le marché britanniqu­e représente «7 à 8 % du chiffre d’affaires (consolidé) à l’export. Une ligne en augmentati­on constante également chez nous ». La gamme Le Temps des mets est placée auprès «d’un gros détaillant» quand les produits de la conserveri­e Au Bec fin «sont dans des chaînes de magasins, comme Harrods par exemple ». Un marché là aussi en augmentati­on «compte tenu de la demande: beaucoup de Britanniqu­es connaissen­t la Provence, sont friands de ses produits… Et puis il y a un vrai changement dans les habitudes culinaires ». Le Brexit lui fait craindre une

« situation très compliquée. D’autant que cela dépendra des deux ans de négociatio­ns dont on entend parler» ajoute

le chef d’entreprise. «Soit la Grande Bretagne dit vouloir maintenir ses accords commerciau­x avec l’Europe et ce serait la situation la moins pire; soit à l’inverse, l’Europe sanctionne en renforçant les mesures… »

Et puis, «je ne peux pas me permettre de prendre des risques de change avec la livre. Aujourd’hui, le poids de l’Europe me permet de payer et d’être payé par mes clients américains et canadiens en euros. Ce qui pourrait ne plus être le cas sans le RoyaumeUni dans la zone Euro.» Transports et droits de douanes risquent aussi de poser problème. Olivier Manière de redouter aussi un certain effet «boule de neige», dans des pays d’Europe de l’Est où l’on enregistre une montée du protection­nisme… «Ils pourraient à leur tour vouloir quitter l’Union européenne».

Outre-Manche, « aucun de mes interlocut­eurs ne souhaite le Brexit» poursuit Olivier Manière. «La Provence aura toujours sa place»

Cependant, une sortie de l’Euro ne fera pas renoncer le chef d’entreprise à ce marché… Avis là encore partagé

par Jean-Jacques Breban: «Je crois que les produits de Provence auront toujours leur place sur le marché britanniqu­e et ce, même si le Royaume-Uni décide de quitter l’Union européenne. Cela pourrait avoir une incidence sur les prix bien sûr, et donc une conséquenc­e aussi sur les parts de marché. Mais nous pourrons sûrement continuer». Réponse, au mieux, dans la nuit d’aujourd’hui à demain.

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(Photo G.R.) Jean-Jacques Breban, producteur varois de vins rosés.

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