« Leave » or « Remain »
«Leave» or « Remain»: l’Angleterre restera-t-elle dans l’Union européenne, ou quittera-t-elle l’Europe? Jusqu’au dernier moment, les sondages sont restés fluctuants ou contradictoires. Bien malin ou bien imprudent celui qui prédirait ce matin l’issue du référendum britannique. Une seule chose est certaine: quel que soit le résultat de la consultation d’aujourd’hui, tous les partenaires européens en garderont un souvenir amer. À cause de l’attitude du Premier ministre anglais, David Cameron, à qui revient la décision en d’organiser un vote sur le maintien ou la sortie du Royaume-Uni. Il l’a fait pour assurer sa réélection, sachant les citoyens de sa Majesté divisés, remettant le vote à plus tard, après sa renomination à Downing Street, leur promettant qu’ils seraient libres, après, de choisir leur destin. Résultat: une campagne d’une rare violence, où pro et anti Brexit se sont déchirés comme jamais, une campagne qui laissera, quoi qu’il se passe, l’Angleterre en état de sidération. Divisée en deux camps de presque égale ampleur. Personne, aucun des plus brillants économistes de la London School of Economics, aucun des ministres des Finances de l’Europe entière, ne mesure, à l’heure actuelle, les conséquences exactes d’un refus anglais. Chute de la livre, chute de l’euro, nouvelle crise financière, ou aucun mouvement du tout, le Royaume-Uni bénéficiant depuis longtemps d’un statut particulier en Europe, donc déjà en partie détachée d’elle. Il reste que c’est avoir pris un grand risque, pour David Cameron, que d’avoir mis la question à l’ordre du jour: en jouant les pyromanes, il a embrasé le Royaume-Uni. Au point qu’une députée travailliste défendant le «Remain» a été assassinée par un tenant du «Leave». Un affrontement politique fort se terminant par un meurtre, un coup inouï pour la sacrosainte démocratie anglaise. Autre effet inattendu de la campagne, le débat était attendu sur les questions politiques et économiques: la Grande-Bretagne donne-telle plus à l’Europe que celle-ci ne lui donne, doitelle se replier sur elle-même pour résister aux turbulences de l’Europe, doit-elle reprendre son indépendance pour accroître ses richesses? Ce débat-là a été en réalité détourné au profit d’un autre, encore plus propre à exalter les passions, l’immigration. Les Anglais ont été longtemps les plus accueillants pour les réfugiés venus du Moyen-Orient ou de l’Asie. Aujourd’hui au contraire, la foule des migrants déjà accueillis en Europe, en Allemagne surtout, plus encore, celle des migrants espérant d’y parvenir, a tourneboulé l’électorat britannique. Au point de faire apparaître des clivages profonds entre les différents pays composant le Royaume-Uni. Les Écossais sont en majorité pro-européens, l’Irlande du Nord aussi. Seul le Pays de Galles, où l’influence du parti europhobe l’UKIP est croissante, semble être favorables au Brexit. Le Royaume-Uni pourrait ainsi devenir un royaume amputé. David Cameron joue gros. La Reine, prudente, se tait. Seul le Prince William a laissé entendre sa préférence pour le maintien de la Grande Bretagne dans l’Union européenne. Les pays européens, eux, retiennent leur souffle.
« En jouant les pyromanes, David Cameron a embrasé le Royaume-Uni. »