Procès des morts violentes chez les dealers marseillais
La cour d’assises du Var juge en appel un jeune des quartiers sud accusé d’être l’homme de main d’une équipe de trafiquants de cités. Il se dit innocent de deux règlements de compte
Si l’actualité criminelle entretient chaque année une comptabilité scrupuleuse des victimes de règlements de comptes à Marseille, dans le cadre du trafic de stupéfiants, elle a plus rarement l’occasion d’évoquer les procès des auteurs que la police parvient à arrêter. Depuis hier, dans le box de la cour d’assises du Var, Moussaoui, 26 ans, fait appel de sa condamnation en novembre 2015 par les assises des Bouches-duRhône à vingt ans de réclusion, pour un meurtre et une tentative de meurtre en août 2012 à Marseille.
L’envers de la carte postale
Deux crimes dont il se dit innocent, se présentant comme une victime de la rumeur de son quartier. Particularité dans cette affaire, les faits ne se sont pas déroulés dans les quartiers nord, à la réputation peu flatteuse, mais au sud résidentiel de la cité phocéenne, entre le rond-point de Mazargues, la statue de David au Prado et le petit port des Goudes, à un jet de pierre des calanques. L’épicentre se trouve dans le quartier de la Sonde, une cité sensible de Marseille, dans le quartier de la prison des Baumettes, où a toujours vécu l’accusé. Sofiene Moussaoui ne s’est guère épanché sur sa vie familiale, auprès de l’enquêteur de personnalité. Des parents séparés quand il était très jeune, il a quasiment toujours vécu chez sa grand-mère maternelle dans la cité. Une scolarité jusqu’au brevet, interrompue au lycée professionnel. Un CDD dans les espaces verts, il est célibataire sans enfant.
Preuve génétique
Sofiene Moussaoui avait 22 ans au moment des faits. Avec onze condamnations à son casier judiciaire, il était sorti de prison un an et demi auparavant, après avoir subi un an de détention dans une affaire de stupéfiants. Il lui est reproché d’avoir tenté de tuer Vincent Bruno, 20 ans, le 11 août 2012, et tué Benamar Hamidi, 24 ans, deux semaines plus tard. Selon des indicateurs de la police, les deux victimes avaient pu être considérées dans la cité comme des concurrents potentiels dans un trafic de stupéfiants. Principal élément à charge contre lui : son ADN a été retrouvé sur la crosse de l’arme utilisée pour ces deux crimes. «Je conteste les faits , a répété Sofiene Moussaoui à l’ouverture de son procès en appel. J’ai mis mon ADN parce que j’ai croisé Akhim Machach (condamné pour recel avec lui lors du premier procès) qui voulait me vendre une arme. Je l’ai prise, je n’en ai pas voulu et je la lui ai rendue. » « C’est le clan de la cité de la Cayolle qui a lancé cette rumeur, et la famille Hamidi l’a prise pour argent comptant. » La cour entrera aujourd’hui dans le détail des deux crimes.