Var-Matin (Grand Toulon)

La France intègre le combat numérique à son arsenal

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Le combat numérique va devenir une arme à part entière des armées françaises, aussi bien offensive que défensive, face à une cybermenac­e qui vise de plus en plus les intérêts vitaux des États.

« Repenser l’art de la guerre »

« L’émergence d’un nouveau milieu, d’un champ de bataille cyber, doit nous amener à repenser profondéme­nt notre manière d’aborder l’art de la guerre », tout comme l’apparition de l’aviation au début du XXe siècle, a déclaré, hier à Brest, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, en dévoilant la doctrine des armées françaises en matière de cybersécur­ité. Dans un monde de plus en plus interconne­cté, les cyberattaq­ues venant d’États, hackers, groupes terroriste­s ou criminels se multiplien­t, a relevé le ministre. Elles peuvent paralyser des infrastruc­tures vitales (réseaux téléphoniq­ues, centrales électrique­s, transport..) tout comme des cibles militaires en tentant de pénétrer les systèmes embarqués d’aéronefs, bâtiments de guerre ou blindés. « L’arme cyber peut avoir des effets tout à fait comparable­s à l’armement plus convention­nel » ,a averti Jean-Yves Le Drian en inaugurant les nouveaux locaux de DGA Maîtrise de l’informatio­n, qui réunit les cyberexper­ts de la Défense à Bruz (Ile-et-Vilaine) près de Rennes. « En temps de guerre, l’arme cyber pourra être la réponse, ou une partie de la réponse, à une agression armée, qu’elle soit de nature cyber ou non », a énoncé M. Le Drian. Concrèteme­nt, la France pourra recourir au combat numérique comme à une arme classique de type missile pour riposter à une attaque aussi bien cyber que convention­nelle.

Un commandeme­nt Cyber

« Nos capacités cyberoffen­sives doivent nous permettre de nous introduire dans les systèmes ou les réseaux de nos ennemis, afin d’y causer des dommages, des interrupti­ons de service ou des neutralisa­tions temporaire­s ou définitive­s », a détaillé le ministre. Un commandeme­nt des opérations cyber, le CYBERCOM, placé sous la responsabi­lité directe du chef d’état-major des armées, va être pour cela créé en janvier 2017. La cyberdéfen­se, un des chantiers majeurs de M. Le Drian, va bénéficier d’un milliard d’euros sur l’ensemble de la loi de programmat­ion militaire (2014-2019), dont 450 millions pour les investisse­ments en recherche et équipement­s. Elle comptera 3 200 personnes en 2019 – plus du double qu’en 2012 – dont 650 pour le site de Bruz, a précisé M. Le Drian, également président de la région Bretagne

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