Var-Matin (Grand Toulon)

Pourquoi il reste

- RAPHAËL COIFFIER

Mourad Boudjellal a annoncé hier qu’il restait à la présidence du RCT avec la volonté d’ouvrir le capital du club aux socios et l’introduire en bourse.

Le président reste. Pas celui de la République. Mais celui du RCT. Il est vrai que Mourad Boudjellal ne possède pas le même bilan que François Hollande. Que les côtes de popularité des deux hommes sont diamétrale­ment opposées... Cela dit, le premier dirige la France. Le second un club de rugby. Pour rayonner sur la France. L’Europe. Voire le monde... Trêve de comparaiso­ns, le boss toulonnais depuis 2006 a donc annoncé qu’il repartait pour un tour. Alors qu’il avait signé un accord (avec échéance au 15 décembre) avec le tandem Barba et Simon et que deux fonds de pension américains lui faisaient les yeux doux... Que ses déclaratio­ns au soir d’un difficile succès sur Clermont en septembre – « Je suis usé. Je pense que c’est ma dernière année » – étaient sincères mais plus d’actualité... L’homme a encore faim. De succès. De trophées à offrir. De progrès pour ce sport auquel il a déjà tant apporté. Et qui ne lui a pas rendu... Les raisons de ce bail prolongé ? Elles sont multiples. Nées de rebondisse­ments sur la planète ovalie. Sur le pré. Dans les bureaux... Mourad Boudjellal – qui n’a pris sa décision que ce weekend – s’en explique. Avec, pour être fidèle à son image, de la nouveauté en rayons...

Quels éléments vous ont poussé à ne pas partir ? D’abord, la victoire contre la Ligue sur le salary cap. Sur ce harcèlemen­t qu’ils nous

menaient. Et j’ai mis la date du  décembre aussi, parce qu’il y avait une élection à la Fédération sur laquelle je ne fondais pas beaucoup d’espoirs. Mais elle s’est bien déroulée. L’élection de Bernard Laporte a été capitale... Je l’ai rencontré vendredi dernier. On a dîné. On a longuement échangé sur ce qu’il souhaitait faire du rugby français. A l’issue de cette entrevue, j’ai choisi de ne pas donner suite au dossier de reprise du RCT. Le président de la FFR vous a convaincu... J’ai été en contact avec lui à de nombreuses reprises. Il était venu me voir à Toulon en me disant : ‘‘Si je gagne, tu ne vends pas.’’ Il m’a appelé le soir de l’élection. Il m’a rappelé le lendemain. Il m’a donc invité à dîner. Il m’a d’ailleurs dit qu’il recevrait le président de la Ligue en janvier. Il a donc bel et bien été un élément déterminan­t car je crois qu’avec lui le rugby français vivra des choses intéressan­tes. Ça va évoluer. On va vers quelque chose de très grand et très fort...Et ça donne envie de donner sa petite quote-part. D’y participer. Votre présidence ? A la fin de la saison, j’augmentera­i et j’ouvrirai le capital du club de façon gratuite à tous les supporters abonnés et tous les partenaire­s, sous forme de socios, qui depuis  ans nous permettent de mener cette aventure. Ce qui veut dire que ce sera un nouveau mode de gestion du club. Et, dans un second temps, nous passerons à une introducti­on en bourse sur le second marché. Cela nous permettra d’apporter des fonds nouveaux. Un tout nouveau modèle ? En effet, et j’ai toujours un

peu peur de décevoir mes supporters­chosesais.n’ai mes pas partsMaisà peur. reconstrui­re.je aux car vaisJe  j’ai vaisle  quelquefai­re. offrirJe le Je abonnésCe systèmeet partenaire­s.de socios ? Il fonctionne­ra sur le mode de Barcelone et du Real Madrid. Soit un mode qui a fait ses preuves avec les socios qui élisent le président. Ce qui permettra, si un jour je dois m’en aller – comme chantait Niagara – aux supporters (à qui le club appartient, en réalité) de dire oui ou non pour telle ou telle personne. C’est bien, à part que pour les assemblées générales ça fera un peu plus de monde.

Si Bernard a besoin de moi il me trouvera ”

Vous leur rendrez des comptes ? Je pratiquera­i la transparen­ce totale. Ils auront les comptes du club. On va passer peut-être d’un régime dictatoria­l de ces dix dernières années à un régime plus démocratiq­ue. C’est un projet partagé... Je ne suis pas dans un projet industriel. Pour gagner des titres pour mon ego. Je suis dans un projet altruiste. Je le dis depuis le début. Et pour que ça marche, il faut qu’il y ait du public. Donc, j’attends beaucoup du match du er janvier contre le Racing. Et j’attends de tous ceux qui m’ont dit de rester qu’ils me montrent, ce soir-là, que Mayol c’est toujours Mayol. Même si on a des horaires difficiles qui nous font très mal. Finalement, vous ne vous lancerez pas en politique, alors ? J’ai rencontré pas mal de leaders politiques jusqu’à aujourd’hui. On m’a fait des offres. Qui ? Je ne vous dirai pas qui. Ou juste que ce n’est pas une femme ! Le téléphone sonne beaucoup parce que dans le contexte actuel, on a une représenta­tivité qui est claire. Mais entrer en politique, c’est autre chose... Ça ventile sévère... Déjà, dans le rugby, on prend des coups, alors en politique, je n’ose pas imaginer ce que c’est. Aucune chance de vous retrouver dans un gouverneme­nt en mai prochain ? Sincèremen­t, je ne pense pas. Ce n’est pas mon ambition première. J’ai un peu de travail avec le RCT quand même. Et à la Ligue de rugby ? Je dirai juste que si Bernard (Laporte) a besoin de moi, il me trouvera. Bien sûr. Pas de regrets ? J’avais une décision à prendre, je l’ai prise. Par rapport aux gens avec qui j’ai démarré cette aventure il y a une dizaine d’années, par rapport au maire aussi qui apporte beaucoup de solutions à nos problèmes, par rapport à Bernard aussi qui a été très actif et très persuasif. J’espère que les Toulonnais me démontrero­nt que j’ai eu raison de repartir pour un tour.

J’ouvrirai le capital aux abonnés et partenaire­s ”

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