Var-Matin (Grand Toulon)

Merkel fragilisée

- Par MICHÈLE COTTA

L’union nationale autour d’Angela Merkel n’a pas duré. Mardi soir encore, pourtant l’ensemble de la classe politique allemande était autour d’elle, à l’église du Souvenir pour rendre hommage aux victimes, morts et blessés, de l’attentat du marché de Noël de Berlin. Il n’a pas fallu longtemps à l’extrême droite allemande, l’Alternativ­e pour l’Allemagne, pour pointer du doigt la chancelièr­e et sa politique en matière d’immigratio­n. Hier soir, autour de la chanceller­ie, le siège du gouverneme­nt allemand, ils étaient plusieurs milliers à défiler. Pas seulement pour honorer les victimes de la tuerie d’avant-hier, mais pour protester, banderoles et slogans à l’appui, contre la chancelièr­e elle-même dont ils demandent la démission. Depuis plusieurs mois, celle-ci a, en effet, ouvert ses bras et les portes de l’Allemagne à plus d’un million de réfugiés venus du Moyen-Orient. Tout a été fait, à l’allemande, c’est-à-dire avec méthode, pour intégrer ces nouveaux venus dans les différente­s régions et les grandes villes allemandes. On a trouvé des asiles aux migrants, des cours d’allemand leur ont été dispensés pour leur permettre de commencer une nouvelle vie. Et pourtant, déjà l’année dernière, des incidents graves avaient déjà singulière­ment assombri les fêtes de fin d’année à Cologne, où des femmes avaient été volées ou violées. Cette fois, la mort semée par un camion-bélier dans la foule des berlinois et des touristes réunis autour des petites baraques de Noël a été, pour l’extrême droite, le signal de l’offensive. Au moment où Angela Merkel, qui vient d’être plus que confortabl­ement réélue par son parti, la CDU, brigue un quatrième mandat, la mobilisati­on contre sa politique d’immigratio­n est de nature à la fragiliser, elle dont la cote de popularité était, il y a peu encore, à une hauteur qui ferait pâlir d’envie les hommes politiques français. Même si on ne sait pas encore si le suspect de l’attentat est l’un de ces migrants fêtés à leur arrivée en Allemagne, l’occasion est trop belle pour l’extrême droite allemande. Angela Merkel attendait certes cette réaction d’un parti qui a obtenu aux dernières élections près de  % des voix. Ce qu’elle n’attendait pas, c’est qu’à l’intérieur de la coalition censée la soutenir, quelques voix s’élèvent aussi pour condamner non seulement le risque que fait courir au pays une immigratio­n jugée trop généreuse, mais aussi le laxisme de sa politique de sécurité. D’autant que la police allemande n’est toujours pas parvenue à retrouver l’auteur des massacres, dangereux et armé, toujours en liberté. A l’entrée de la campagne électorale, la chancelièr­e allemande aurait sans doute préféré que le débat sur la sécurité, sur ses responsabi­lités personnell­es dans la politique migratoire ne rebondisse pas. Elle pensait l’avoir relégué au second plan, pour pouvoir au contraire s’appuyer sur son bilan économique, qui fait de l’Allemagne un îlot de prospérité en Europe. Aucun doute, les événements de Noël bouleverse­ront fortement le climat de son quatrième marathon électoral.

« La mort semée par un camion-bélier [...] autour des petites baraques de Noël a été, pour l’extrême droite, le signal de l’offensive. »

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