Racing : esprit, es-tu là ?
Eliminé de la Coupe d’Europe et 8e du championnat avant de recevoir Castres demain, le champion de France doit retrouver son niveau sous peine de vivre une saison blanche
Les Franciliens ne sont plus qu’une ombre. L’équipe qui écrasait quasiment tout sur son passage l’année dernière, jusqu’à brandir fin juin son premier Bouclier de Brennus depuis le rachat en 2006 par Jacky Lorenzetti, un mois après avoir atteint la finale de la Coupe d’Europe, paraît bien loin. Cette saison, l’Europe avait été érigée en priorité par le Racing 92. Une compétition dont il est déjà éliminé après seulement trois rencontres. Reste donc comme objectif le seul championnat, où une victoire contre Castres est impérative demain, au risque de voir les six premières places, qualificatives pour la phase finale, s’éloigner.
Le retour de la force
Pour éviter une telle mésaventure, les Racingmen doivent avant tout retrouver leur rage de vaincre, évaporée dès le titre obtenu. L’entraîneur des avants Laurent Travers avait admis la semaine dernière que ses joueurs manquaient du « supplément d’âme nécessaire » et devaient tourner la page de 2015-2016. Lorenzetti : « Nous devons retrouver notre force mentale (...) Nous n’avons pas été humbles (...) Il va falloir qu’on se déshabille, qu’on enlève notre habit de roi. Il faut descendre tout nus dans l’arène. » Ce retard à l’allumage est la faute, peut-être, à une volonté de se tourner vers un jeu plus complet, mais aussi à un manque d’agressivité. « Il faut qu’on soit beaucoup plus agressifs quand on a le ballon, sur les zones de rucks, capables de mettre plus d’intensité », a admis Travers. Et ceci collectivement, car d’après le deuxième ligne Manuel Carizza chaque joueur a tendance à vouloir sauver la patrie tout seul : « On doute un peu de nous-mêmes donc on veut trop en faire individuellement. On ne communique pas assez, on ne trouve pas de repères, on ne se retrouve pas en tant qu’équipe.»
Patrons manquants
Le Racing 92 souffre aussi de l’absence ou de la méforme de nombreux joueurs clés la saison dernière. Au premier rang desquels Dan Carter qui, après un bon début de saison, aligne les performances quelconques. Surtout depuis « l’affaire des corticoïdes » mi-octobre, dont il a « particulièrement souffert » d’après Lorenzetti. Son compère à la charnière Maxime Machenaud connaît lui un gros coup de mou, Chris Masoe est beaucoup moins perforant, alors que deux des baromètres en terme d’engagement, Bernard Le Roux et Henry Chavancy, ont été beaucoup blessés. Le second, rétabli vendredi, n’a joué que neuf matches sur seize possibles, alors que le premier n’en a disputé que… quatre ! « Ce n’est une question de cadres, c’est toute l’équipe qui balbutie son rugby. Les cadres ne peuvent être performants que quand toute l’équipe est performante. Il leur faut les bons ballons dans le bon timing » a souligné Travers, notant aussi que des « non cadres » n’affichent pas le même niveau que la saison dernière. Reste le cas Johannes Goosen, meilleur joueur du championnat la saison passée qui n’a joué que trois matches, avant d’entamer la semaine dernière un bras de fer avec ses dirigeants pour rompre son contrat réévalué et prolongé au printemps. Un énième sujet épineux à régler pour le Racing. Bref, 2015-2016 ressemble jusqu’ici à une saison pourrie. Reste six mois pour enlever le ver.