1634 : un Brignolais à l’Académie
Installé au fauteuil numéro
François d’Arbaud de Porchères fut installé au fauteuil numéro 19 qui serait par la suite celui de Boileau et de Chateaubriand et, aujourd’hui, de Jean- Loup Dabadie. Son discours d’intronisation porta sur l’« Amour des sciences ». Il était un homme d’avenir, notre académicien brignolais ! Brignolais? Cette affirmation est contestée par certains historiens qui le prétendent natif de SaintMaximin, toujours dans le Var. La confusion vient du fait que de nombreux membres de la famille d’Arbaud de Porchères ont vécu à Saint-Maximin. L’un d’eux en a même été maire. La plupart des historiens, cependant, le font naître à Brignoles.
Une amitié avec Richelieu
On sait peu de choses sur sa vie. Ce qui est sûr c’est que, s’étant rendu à Paris, il devint élève du célèbre poète Malherbe - lequel avait également accueilli en 1572 l’écrivain grassois Bellaud de la Bellaudière. Malherbe était si attaché à Arbaud de Porchères qu’à sa mort, en 1628, il lui légua la moitié de sa bibliothèque, l’autre moitié allant au poète Racan. Autre personnalité parisienne à laquelle Arbaud de Porchères fut lié : le cardinal Richelieu, premier ministre de Louis XIII, fondateur de l’Académie française, qui fit beaucoup pour l’élection d’Arbaud de Porchères et en l’honneur de qui celui-ci écrivit une ode célèbre. On attribue à Porchères l’un des plus célèbres sonnets de l’époque, écrit sur les yeux de Gabrielle d’Estrée – la femme dont le roi Henri IV était amoureux, dont un fameux tableau la montre seins nus avec sa soeur : « Ce ne sont point des yeux, ce sont plutôt des dieux./ Ils ont dessus les rois la puissance absolue./ Dieux ! non, ce sont des cieux ; ils ont la couleur bleue/ Et le mouvement prompt comme celui des cieux./ Cieux ! non, mais deux soleils clairement radieux,/ Des foudres de l’amour signes présagieux… » Est-ce bien lui qui a écrit ce sonnet galant ? Là encore il y a des doutes. On ne prête qu’aux riches…Le reste de la production d’Arbaud de Porchères est d’un tout autre style, composé de poésies religieuses et de la traduction en vers des « Psaumes » de David. Arbaud de Porchères épousa une demoiselle de la Chapelle-Senevoy, dont on ne sait si elle avait les yeux de Gabrielle d’Estrée. Il se retira dans ses terres à Senevoy, ancienne seigneurie de l’évêché de Bourgogne, où il mourut à l’âge de 49 ans, fermant ainsi ses yeux au soleil qui l’avait si joliment inspiré : « Flambeau de l’univers, charmant père du jour/ Globe d’or et de feu, centre de la lumière,/ Admirable portrait de la cause première, / Tu fais de la nature et la joie et l’amour ».