Var-Matin (Grand Toulon)

« On idéalise trop la cabane »

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Auteure cette année des  mots de l’habitat (Archibooks éditions), cette sociologue parisienne aux attaches sudistes cerne le besoin de retour aux « valeurs primitives ».

Les cabanes sont « tendances ». Quel symptôme cela traduit-il ? L’appétit de nature s’est décuplé ces dernières années. Il part de l’idée que la ville serait mauvaise. Et aussi de l’envie pour chacun de retrouver sa propre nature. Comme une thérapie douce que l’on s’offrirait... C’est typique d’un retrait de la vie en ville qui impose ses normes, son rythme, une conviviali­té forcée, etc. Bref, séjourner en cabane, c’est une forme de retraite. Avant, c’était dans les couvents !

N’idéalise-t-on pas trop les cabanes ? Si bien sûr ! C’est comme un déménageme­nt. On pense que cela va changer la vie, mais au fond votre personnali­té et vos problèmes demeurent... Toutefois, on ne peut pas nier les bienfaits que procure ce besoin de récupérer ses sensations primitives en vivant un temps sans eau ni électricit­é. Revenir au rythme des saisons…

Parle-t-on de la vraie cabane ancestrale ? Non. La cabane des années  demeure plus un espace culturel que naturel. Nous avons une image préconstru­ite de la cabane primitive qui, au final, n’a rien à voir avec ce qu’elle était pour nos ancêtres.

Les cabanes, ce sont aussi les bidonville­s... Oui. Étant native de Casablanca, je les ai beaucoup étudiés. En fait, dans ces ensembles hétéroclit­es, les gens reproduise­nt la maison de leur propre culture. Ce n’est pas du rien. Plutôt un lieu extrêmemen­t complexe et très codifié, en fonction de sa culture.

La cabane peut-elle résoudre la crise du logement ? Non ! (rire) En revanche, elle renvoie à la réflexion autour de la création de logements plus petits, aux murs pré-équipés, avec toutes les commodités et très peu coûteux. Comme d’autres architecte­s, Jean Prouvé l’a eu avec sa maison démontable. Le Japon est en pointe dans ce domaine. Mais chez eux, c’est aussi culturel.

Que pensez-vous du cas de Sandy dans le Verdon ? C’est un exemple très isolé. On ne peut pas en tirer des généralité­s. Je pense qu’il y a aussi de la souffrance derrière ce que dit cette femme... Vivre dans une cabane, c’est aussi souvent parce qu’on ne peut pas faire autrement. Difficile de valoriser ce phénomène.

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