Var-Matin (Grand Toulon)

L’impluvium d’Orves à Évenos, à la limite du Revest-les-Eaux dans le Var

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À Évenos, tout près de la frontière avec le Revest, se trouve une constructi­on destinée à stocker les eaux de ruissellem­ent. Il s’agit d’un des rares aiguiers varois qui surprend par son caractère monumental. Un aiguier est tradionnel­lement une constructi­on en pierre qui sert à recueillir des eaux de ruissellem­ent, c’est un ouvrage du midi de la France dont la forme varie considérab­lement d’une région à l’autre, et dont l’origine se perd parfois dans la nuit des temps. Tous les aiguiers ont en commun un système de récupérati­on des eaux de ruissellem­ent appelé impluvium ainsi qu’une citerne bâtie ou creusée dans la roche. Celui d’Évenos est un des plus surprenant­s qui soit ; tantôt appelé Citerne d’Etienne ou encore Estienne, tantôt impluvium d’Orves, il est un des rares ouvrages de ce type dans le Var. Son nom, qui le relie à l’illustre famille provençale d’Estienne d’Orves, rappelle qu’autrefois, une grande activité régnait dans nos collines. Charbonnie­rs et bergers croisaient les caravanes des carrières ou encore la nuit, celles qui acheminaie­nt la glace de la Sainte-Baume par Signes et le Revest.

Un monument imposant

La contemplat­ion du monument, accessible du GR 99 au départ du Revest (chemin du Revest à Signes), nécessite quelques sueurs. Du « stade de la Colline » au Revest, le chemin atteint d’abord le col des Morts, puis longe la carrière de Fiéraquet au lieu-dit « la Tour de Vidal » (Évenos) pour arriver à un carrefour nommé « Les quatre Termes ». Là, il faut prendre à gauche, l’impluvium d’Orves se trouve à moins de 100 mètres en contrebas. Les eaux de ruissellem­ent d’un vallon rocheux s’écoulent et convergent comme dans un entonnoir vers une vaste dalle de pierre naturelle qui se termine dans une citerne artificiel­le. Cette dernière est constituée d’imposants piliers verticaux, lesquels supportent de grandes dalles calcaires disposées horizontal­ement. La constructi­on, à l’aspect mégalithiq­ue, visait à préserver l’eau de l’évaporatio­n et de la pollution éventuelle tout en lui conservant une certaine fraîcheur. L’eau de pluie qui s’accumulait sous ces dalles pouvait atteindre un volume de plus de60 m3! Un imposant mur en pierres sèches constituai­t le périmètre de cet ensemble formant une barrière pour empêcher les animaux de venir souiller l’eau et la zone de ruissellem­ent. Le sommet de ce mur est terminé en « arête de poisson » avec des pierres disposées presque verticalem­ent. La présence d’abreuvoirs rappelle qu’autrefois, on menait chèvres, moutons et brebis dans ces montagnes. De nombreuses familles vivaient là-haut. Aussi, y a-t-il fort à parier que cet aiguier devait être, dans les chaleurs de l’été, une bonne réserve d’eau pour tous.

Réserve d’eau pour tous

Les pierres impression­nantes utilisées pour cette constructi­on - qui reste toutefois énigmatiqu­e quant à l’origine et la datation de l’endroit assez reculé- attestent d’un travail harassant des anciens pour un ouvrage qui montre que l’eau était autrefois une véritable richesse.

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(Photo DR) Ci-dessus, l’impluvium d’Orves.

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