Charlemagne innove et investit depuis ans Interview
Créée par deux frères toulonnais au début du siècle dernier, l’enseigne varoise Charlemagne a élargi sa palette d’activité. Elle compte aujourd’hui 150 salariés
Presque centenaire! Le libraire-papetier historique de la ville de Toulon, Charlemagne, souffle cette année 90 bougies. Son directeur général et actionnaire, Olivier Rouard, livre les secrets de cette longévité.
Charlemagne a diversifié ses activités depuis sa naissance. Comment sont-elles réparties aujourd’hui ? Charlemagne était très connu pour la partie magasin, beaucoup moins pour la partie professionnelle. En , on a déménagé l’activité pro de l’avenue Charles-Barnier au dépôt des Espaluns à La Valette. Ça correspondait à une adaptation et permettait une meilleure visibilité. Aujourd’hui, la répartition du chiffre, suivant les années, c’est - % réalisé par la partie professionnelle et le reste par la partie magasin. Sur la partie pro, on a deux grands métiers : la fourniture de bureau et la fourniture scolaire. Sur la fourniture scolaire, c’est une niche, mais on est quand même leader dans la région. On sert les villes de Nice, Marseille, Toulon, Nîmes, Aix, et la majorité des communes du Var. La fourniture de bureau est un gâteau beaucoup plus important. On est très présent sur les gros marchés publics de la région. On sert historiquement la Marine nationale, le conseil départemental, de nombreuses mairies du Var, des Bouches-duRhône et des Alpes-Maritimes. Dans notre stratégie commerciale pro, on développe notre activité auprès des PME depuis trois ans.
Quelle est votre stratégie pour résister face à la concurrence ? Sur la partie PME, on a réadapté notre offre logistique en raison de la frontalité avec de gros concurrents. On a fait évoluer notre préparation de commande sur le dépôt professionnel. On a agrandi. On a quasiment m². On a repensé la préparation et l’expédition. Ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir des commandes livrées en heures. Ce n’est pas aussi bien que les meilleurs nationaux mais ça passe bien, d’autant qu’on est en capacité d’intervenir sur du dépannage en deux heures. On a une qualité de service et une vraie proximité avec nos clients. Notre force, c’est qu’on est un acteur régional et local. On connaît les besoins des clients. On est en capacité de s’adapter, de leur apporter un service de grande qualité. C’est notre principal atout. On a aussi l’offre la plus large du marché avec la fourniture de bureau, la fourniture scolaire, la librairie, les beaux-arts, les loisirs créatifs, les beaux stylos. Je pense que ce qui a permis à l’entreprise d’avancer, c’est cette volonté de toujours être un acteur important, de se remettre en question, d’investir. Je le dis souvent, mais dans l’entreprise, il n’y a jamais eu de dividendes versés aux dirigeants. Si on se versait des dividendes, ce serait du court terme, alors que nous visons le long terme.
C’est le secret de la longévité ? Grâce à l’investissement, on a réussi à se doter des outils qui permettent d’être toujours présents face à des mastodontes. La concurrence, aujourd’hui, est mondiale. Nos armes sont aussi les alliances nationales à travers des groupements indépendants et la force du local.
A quels groupements adhérezvous et à quoi servent-ils ? En papeterie, on est adhérent Majuscule. C’est une coopérative de adhérents dont mon oncle, Jacques Rouard, est p.-d.g. depuis trois ans. Ce qui est aussi une belle reconnaissance du métier. Etre adhérent Majuscule nous permet une compétitivité à la fois sur les prix et sur la qualité de service. Ça nous a permis d’obtenir tout récemment le MINDEF, le marché de la Défense nationale. C’est notre premier marché national. Ce n’est pas notre vocation mais la Marine nationale, et aujourd’hui la Défense, sont notre premier client, on a un savoir-faire, une écoute. On s’est attaqué à ce marché-là pour dire : la PME, c’est la structure qui crée de l’emploi et de la richesse en France. Pour la partie magasins, on est adhérents de Libraires ensemble, un groupement de libraires. Il nous permet d’avoir des outils de communication mutualisés. En , on va développer un outil de fidélisation. Pour la partie beaux-arts, on s’est associés à Dalbe, une coopérative d’indépendants avec une plateforme logistique implantée en Basse-Normandie. Le secteur a de l’avenir.
Quel est le profil des collaborateurs de Charlemagne? On doit avoir l’ambition d’être des spécialistes dans un magasin généraliste. On a tous les atouts pour. Sur la partie magasin, l’objectif, c’est d’avoir des libraires, papetiers passionnés, investis. Les groupements permettent de les faire partir en formation, de mutualiser des échanges, d’être reçus par des fabricants ou des éditeurs. On essaie d’avoir un esprit familial tout en s’adaptant à la demande. L’adaptation de l’entreprise passe par la structuration.
Charlemagne est aussi promoteur d’action culturelle. C’est incontournable ? On préempte le champ culturel en accueillant des auteurs en librairie, en médiathèque, en école. Pour nous, c’est essentiel. On développe aussi l’action culturelle hors les murs. Un des chantiers sera de lancer Les Grands Entretiens, notamment à Toulon avec la nouvelle salle Le Colbert. La stratégie vise à travailler en synergie avec les acteurs culturels, en particulier le Théâtre Liberté, dont on est devenu mécène cette année. Le Théâtre Liberté a révolutionné l’image culturelle de Toulon. On doit s’engouffrer dans cette dynamique-là et ça correspond aussi à ce qu’on veut faire en magasin. On poursuit aussi notre partenariat avec la Fête du livre de Hyères qui est à la fois populaire et exigente. Aujourd’hui on a l’ambition que Charlemagne soit une librairie référente en France.