Sébastien vous salue bien
Le Cap Horn en vue, le skipper toulonnais a établi hier une connexion satellite qui lui a permis de passer une demi-heure, en direct, avec ses amis réunis à la société nautique de Toulon. Émotions partagées
Moment d’émotion hier à 13 heures à la société nautique de Toulon, où les amis et supporters de Sébastien Destremau s’étaient donnés rendez-vous pour une visioconférence avec leur concurrent préféré, en direct du Cap Horn, au beau milieu des 50es hurlants. Le miracle de la technologie aidant, la connexion satellite a ainsi permis à Sébastien de converser en direct avec son équipe technique et ses amis, et de partager avec eux un vrai moment de convivialité depuis ce que l’on appelle le point Nemo dans le jargon, l’endroit le plus éloigné de toute terre... Encore à 2000 milles nautiques du Cap Horn, Sébastien continuait donc hier matin de longer la zone d’exclusion des glaces, à quelque 200 milles nautiques au sud du fameux point Nemo lorsqu’il s’est connecté au petit jour.
« C’est hurlement dingue ! »
Et c’est dans un grand sourire que le Toulonnais a pu constater combien il n’était pas tout seul, perdu au milieu de nulle part dans l’océan Pacifique. Bien que poussé par 30 noeuds de vents de travers, le skipper a profité à fond de ce moment de partage. C’est la banane accrochée à la... face, qu’il s’est retrouvé, depuis l’autre bout du monde, à discuter une bonne demi-heure avec ses amis, comme assis autour d’une table.
« C’est top, génial, c’est ‘‘hurlement’’ dingue. » Seb luimême, pourtant rompu aux exercices de communication, n’en revenait pas d’avoir aussi facilement pu établir un pont entre son bout de mer glacée et Toulon. Et de refaire pour tout le monde un peu de sa course pour rappeler combien cette épreuve surhumaine est à nulle autre pareille. Du moment fort mais terriblement émouvant où il s’est retrouvé seul face à son destin, au départ des Sables d’Olonnes, le 6 novembre dernier, à l’enfer de l’Océan indien, en passant par sa casse moteur, ses côtes « foireuses », son coup de blues à l’arrivée en Tasmanie pendant les fêtes de Noël, Sébastien a revisité les étapes cruciales de son épopée avant de se projeter vers le meilleur... Ce meilleur qu’il savoure seul au quotidien en regardant les albatros et qui lui donne encore l’impression d’être un privilégié. Ce meilleur qui lui permet d’être encore en course après 76 jours de navigation et qui doit l’amener jusqu’au bout de son rêve. Armel Le Cleac’h est entré depuis jeudi dans la légende du Vendée Globe. Sébastien lui, peut encore entrer dans son histoire... Voilà ce qui importe aujourd’hui à celui qui ferme la marche de cette course folle, et qui prévoit aujourd’hui une arrivée fin février. « Pour le 14, j’ai compris depuis longtemps que c’était rapé. Mais j’espère maintenant arriver le 26.
C’est un dimanche, ce serait
bien non ? » a précisé le Varois, qui estime par ailleurs avoir assez de nourriture pour tenir au moins jusqu’au 4 mars... Désormais sorti des griffes de l’Océan indien, Destremau se sent beaucoup moins en danger, et malgré la distance encore importante qui le sépare de l’arrivée, il n’en a jamais été aussi prêt.
Entrer dans l’histoire
D’autant que malgré tous ses déboires, il a encore quelques ressources et notamment un jeu de voiles neuves, bien au chaud, pour l’aider à remonter bientôt l’Atlantique jusqu’à destination. À en juger par le ton de sa voix, son humour intact et même sa bonne mine, on peut affirmer que son moral est au beau fixe. Surtout pas entamé par cette dernière position qui lui colle à la peau et qui pourrait facilement le faire passer pour un
loser auprès de ceux qui n’ont rien compris... C’est tout le contraire en vérité, et ce qu’il accomplit avec des moyens financiers insignifiants par rapport aux autres concurrents, est juste immense et fabuleux. Voilà pourquoi aujourd’hui, comme tous ses partenaires, sa famille et amis réunis à Toulon, on veut lui dire : « Encore merci et bravo, Séba. Bon vent jusqu’à l’arrivée, on croise les doigts pour toi. Tu le mérites tant