Var-Matin (Grand Toulon)

L’aire toulonnais­e dope la reprise du BTP varois

Après plusieurs années noires, le secteur du bâtiment repart enfin. Grâce notamment aux nombreux chantiers de logements neufs, en cours et à venir, dans l’ouest du Var . Mais la crise a fait des dégâts

- PROPOS RECUEILLIS PAR MIREILLE MARTIN mmartin@varmatin.com

Àla fédération du BTP (bâtiment et travaux publics) du Var, on pousse enfin un (prudent) soupir de soulagemen­t. Malmené par la crise et ébranlé sur ses fondations par l’arrivée d’une nouvelle sorte de concurrenc­e, le secteur, deuxième force économique du départemen­t après le tourisme, a souffert. Mais 2 016 a marqué le retour de l’activité, portée par la constructi­on de nombreux logements dans l’aire toulonnais­e. Et 2 017 devrait se bâtir sur la même lancée. Le point avec Philippe Donat, le président de la Fédération qui s’apprête à laisser la place, après deux mandats en pleine tourmente.

Depuis , le BTP trinque. Vous aviez même qualifié   de la pire année entre toutes… La tendance a commencé à s’inverser en  . Voiton enfin le bout du tunnel ? C’est le retour à enfin un peu de sérénité après cinq années très difficiles et même carrément dans le trou. On retrouve une certaine stabilité économique même si certains secteurs se relèvent mieux que d’autres. Et qu’il faut tenir compte d’un certain décalage entre les prises de décision, le lancement d’opérations et la phase de mise en chantier.

Le recours aux travailleu­rs détachés fausse la concurrenc­e”

Donc l’activité et les volumes remontent?

Oui, enfin ! Car c’était descendu très bas. Aujourd’hui, la difficulté est moins dans le volume d’activité que dans les prix pratiqués pour conquérir les chantiers.

C’est-à-dire la mise en concurrenc­e ? Oui mais elle est totalement faussée. Le recours aux travailleu­rs détachés continue de remettre en cause le modèle économique de nos entreprise­s. L’Europe, c’est bien mais on ne peut pas continuer avec des politiques sociales différente­s dans chaque pays. Une heure de travail pour un salarié français du bâtiment, charges comprises, c’est  euros. Mais seulement  euros pour un travail détaché « légal » et carrément  euros, ou moins, pour un clandestin. Ce n’est pas tenable. Notre branche a perdu autour de   emplois durant ces dernières années et on estime qu’au moins autant ont été remplacés par des travailleu­rs détachés, légaux ou pas. Vous parlez de secteurs qui se relèvent mieux que d’autres… Géographiq­uement, c’est flagrant : l’ouest-Var et surtout l’aire toulonnais­e redémarren­t bien mieux que l’est, Fréjus-Saint-Raphaël et Draguignan. C’était vrai en   avec de nombreux programmes de constructi­on, ça se confirme pour l’année   avec encore de gros chantiers à venir dans l’aire toulonnais­e.

La commande publique, qui a longtemps représenté  % de l’activité du secteur avant de s’effondrer, repart-elle elle aussi ? Non, hélas. Le niveau est très bas, voire quasi inexistant. Cela s’est traduit par une transforma­tion de la typologie des entreprise­s varoises. Nombreuses sont celles spécialisé­es dans les travaux publics qui n’ont pas survécu. Avec des cessations d’activités qui se sont précipitée­s ou carrément des liquidatio­ns. Rien qu’au sein de notre fédération, nous avons perdu ainsi une cinquantai­ne d’adhérents, pourtant à la tête d’entreprise­s historique­s.

La constructi­on de logements sociaux, pour rattraper le retard pris par le Var en la matière, n’a-telle pas d’effet sur l’activité ? Oui car les organismes publics achètent aussi des logements sociaux aux promoteurs privés. Mais cela se fait à un prix fixé par les services de l’État dans chaque départemen­t. Or, dans le Var, il est de   euros le m quand il atteint   dans les Alpes-Maritimes et   dans les Bouches-du-Rhône. Une commission de travail réunie autour du préfet va se mettre en place début février pour réfléchir au problème.

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