L’exemple du Tysabri : un mauvais procès
Sans contredire la nécessité de bien évaluer la balance bénéfices, l’avis de la revue Prescrire sur plusieurs médicaments serait bien trop tranché, selon le Pr Drici. Et il cite l’exemple du Tysabri (natalizumab), utilisé comme traitement de fond chez les adultes présentant des formes très actives de sclérose en plaques (SEP). «Nous connaissons bien ce produit depuis des années, puisque nous en assurons le suivi national. S’il y a des cas d’hypersensibilité retardée [allergie, Ndlr] comme le dit Prescrire, la revue omet de préciser que c’est le cas avec TOUS les traitements administrés par voie intraveineuse, quels qu’ils soient. Et il n’y a pas eu de cas particulièrement sévère ni de réaction allergique fatale, avec le Tysabri. »
« Efficacité très importante »
Le spécialiste rappelle par ailleurs que «le suivi, recommandé, permet de gérer ce risque et maintenir un rapport bénéfice-risque très favorable. » Concernant la toxicité hépatique, « elle est parfaitement gérée pour ce médicament.» Et aucun cas d’hépatite fatale ni de mise en jeu du pronostic vital n’aurait été signalé. «La seule toxicité préoccupante, bien identifiée dès sa commercialisation, est celle du risque d’infections opportunistes graves, liée au fait que ce médicament est un immunosuppresseur », reconnaît le spécialiste. Ce risque fait depuis plusieurs années, l’objet de polémiques. «Une réévaluation du bénéfice par des professionnels expérimentés a conclu à nouveau à une balance bénéfice-risque positive; l’efficacité du natalizumab sur le traitement de la SEP est très importante et justifie d’exposer le patient à un risque d’infections opportunistes, puisque ces dernières peuvent être prévenues par une surveillance régulière. Tysabri reste sans aucun doute l’un des traitements les plus efficaces dans une pathologie gravement handicapante et affectant les sujets jeunes. N’en déplaise à la revue Prescrire.»