La cohérence cardiaque: pour aller mieux, inspirez!
Travailler sa respiration pour améliorer sa santé physique et psychique: la technique de cohérence cardiaque repose sur des bases scientifiques irréfutables. Colloque à Nice
Un colloque sur le thème «Respiration, conscience, bienêtre», rassemblant plus de 400 personnes au sein de la faculté de médecine de Nice : certains
(1) n’hésitent pas utiliser le terme de révolution. Il paraissait en effet impensable, il y a encore quelques années, que les médecines non conventionnelles soient un jour invitées à l’université. En juin 2014, sous l’égide du doyen de la faculté de médecine de Nice, le Pr Patrick Baqué, le premier Observatoire des médecines non conventionnelles (OMNC) était créé. Affilié à la faculté de médecine de l’université Nice-Sophia Antipolis, c’est lui qui organisait ce colloque, samedi dernier, pour la deuxième année consécutive. Avec un succès qui témoigne de l’engouement croissant du public, mais aussi des professionnels de santé, pour des pratiques de soins souvent issues de traditions anciennes. « Pour guérir un malade, soulager des douleurs, tous es moyens sont bons pourvu qu’ils réussissent», résume le Pr Baqué sur le site de l’OMNC (omnc.unice.fr). L’un des intervenants à ce colloque, le docteur Jean-Pierre Houppe, cardiologue, sophrologue et passionné par la psychologie, a développé en France une nouvelle spécialité: la psychocardiologie. Très préoccupé de prévention, il décrit l’intérêt d’utiliser la technique – très simple – de cohérence cardiaque pour améliorer sa santé.
La variabilité sinusale
«La cohérence cardiaque, n’en parlez ni à votre médecin, ni à votre cardiologue : ils ne connaissent pas», s’amuse-t-il. Et pourtant. Si le terme n’est pas plus connu que reconnu par la cardiologie, il repose sur des bases très scientifiques. «Le jeune enfant a cette magnifique arythmie respiratoire: il accélère son coeur à l’inspiration et le ralentit à l’expiration. Les cardiologues ont cherché à étudier ces courbes sinosioides, et ils ont vu que le coeur pouvait effectivement varier quelque peu ; il s’adapte à l’effort, mais aussi au repos.» Ainsi, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, même sagement assis, le coeur ne bat pas selon un rythme si régulier. Illustration. «Lorsque l’on dit : “La fréquence cardiaque est de 60 coups par minute (ou 1 000 millisecondes)”, en fait, elle varie autour de différentes valeurs: 998, 982, 1018 millisecondes, etc. Cette fluctuation des intervalles de temps séparant deux battements est nommée variabilité sinusale.» Et cette variabilité serait un marqueur de santé très important, aussi bien de la santé cardiologique que de la santé en général et du bienêtre. «C’est aussi un marqueur psychologique, insiste le cardiologue. Si on est stressé, anxieux, déprimé, en burn-out ou en syndrome de stress post-traumatique, le coeur est rapide et la variabilité sinusale, ou arythmie sinusale respiratoire, faible.» Des outils informatiques permettent aujourd’hui de représenter la fréquence cardiaque et la variabilité sinusale. «Grâce à ces outils, on peut décomposer la fréquence cardiaque et évaluer si on est sous la dépendance du système sympathique, autrement dit stressé, anxieux, déprimé, ou sous la dépendance du système parasympathique, soit détendu, apaisé .... »
Ralentir l’inspiration
La suite ? Intervenir sur cette variabilité afin de la rendre plus cohérente. Comment ? Grâce à la « cohérence cardiaque » ! CQFD. Issue des recherches en neurosciences et en neuro-cardiologie, cette méthode très simple et très efficace a été introduite en France par le Dr David
Servan-Schreiber. «Elle a pour objectif de mettre en résonance la respiration et la fréquence cardiaque» ,résume le Dr Houppe. Et on peut y arriver aussi simplement qu’en pratiquant une respiration abdominale lente, régulière. «Assis, les pieds bien à plat, on inspire (par le nez) lentement et on prolonge l’expiration, en faisant de courtes pauses. Un exercice à répéter 4 à 6 fois pendant 5 minutes, qui va permettre d’augmenter sa variabilité sinusale et améliorer ainsi l’état de santé à la fois physique et psychique.» Ce serait dommage de s’en priver.