Var-Matin (Grand Toulon)

«Je pense que c’est la mort qui donne la vie»

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« Je ne vois pas aujourd’hui comment, ne pouvant pas payer des soins indispensa­bles, on va payer des soins non-indispensa­bles. Je ne crois pas à l’accès pour tous à la technologi­e. Ces techniques aboutiraie­nt à deux castes. Comment voulezvous ne pas être d’accord avec quelqu’un qui vous dit qu’il faut vivre beaucoup plus longtemps sans souffrir ? Évidemment ! Mais ce n’est pas cela le transhuman­isme. Certes, la lutte contre le vieillisse­ment est une entrée en matière. Mais les transhuman­istes vous disent qu’il faut absolument identifier les mauvais et les bons gènes. On va vers la course au meilleur des meilleurs. C’est un non-sens de penser que nous sommes le produit de nos gènes. C’est faux. La génétique nous “hominise”. Une fois né, hominisé, c’est l’éducation qui nous humanise. On ne saurait se contenter d’améliorer les gènes de l’homme mais son lien social, son éducation, etc. Nous sommes avec nos différence­s, et c’est cela qui fait notre humanité. Le rêve de ne pas mourir est de la mythologie. L’homme veut devenir immortel pour devenir l’égal des dieux. C’est le mythe de Prométhée. Il y a l’alibi des nouvelles technologi­es. En fait, dans le transhuman­isme, il y a l’idée de se débarrasse­r de son corps. Cette évolutionl­à est totalement incompatib­le avec le respect de la personne. Je pense que c’est la mort qui donne la vie. J’ai une exigence : c’est rester maître de la technologi­e. Parce que je crois encore à la conscience humaine. Le transhuman­isme est une sorte de nihilisme. C’est un totalitari­sme parce qu’il impose la loi de la technologi­e. »

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