À un jet de pierre de la catastrophe
Un énorme bloc de calcaire s’est détaché du sol avant de rouler sur une quinzaine de mètres. Il a stoppé sa course à deux pas d’une propriété située à l’ouest du Revest, sans faire de dégâts
Il a fallu qu’elle tombe chez un spéléologue ! Enfin, à cinquante centimètres de la barricade qui protège son domicile… « Le destin ». Lundi, vers 11 h, au Revest, une roche de plus d’une tonne et d’au moins un mètre cube a dévalé la pente sur une quinzaine de mètres avant se stopper net à deux pas de chez Philippe Maurel, chemin de Fontanieu. Sans causer le moindre dégât. À peine quelques cailloux explosés et deux ou trois morceaux de route écorchés. Miraculeux. « J’étais avec mon petit garçon et j’ai entendu d’énormes vibrations. J’ai d’abord cru qu’une voiture avait loupé le virage. Je suis sorti quelques minutes plus tard et j’ai vu ce gros caillou plein de calcaire », raconte le spéléologue revestois.
« J’ai échappé au pire »
En spécialiste des cavités et roches qui forment les monts toulonnais, il a tenté de faire d’une pierre deux coups en l’examinant dès les premiers instants, plutôt que d’alerter les pompiers ou la mairie du village, comme n’importe qui l’aurait fait. « C’est sûrement du calcaire dolomitique (une roche sédimentaire carbonatée pleine de minéraux, Ndlr), vu la présence de végétaux. J’ai appelé un ami paléontologue pour qu’il vienne l’examiner avant qu’elle soit détruite ou emmenée. J’ai l’impression qu’il y a des fossiles dedans ». A-t-il seulement conscience du danger qu’aurait pu présenter cette roche pour lui et son fils ? « Bon, c’est vrai, quand j’ai vu le morceau, je me suis dit que j’avais échappé au pire. Je pense que le bitume a bien amorti la chute », concède-t-il à voix basse. Mais comment voulez-vous sécuriser des hectares de nature ? Je ne peux en vouloir à personne. Quand vous choisissez d’habiter dans la vallée, vous acceptez ce type de risque. Ça peut arriver n’importe quand ».
Le maire n’avait «jamais vu ça »
Certes, mais l’événement est assez exceptionnel pour que le maire du Revest, élu depuis 2001, n’ait jamais rien vu de tel. Les rafales de vent de lundi, qui ont atteint près de 80 km/h, et la météo pluvieuse des derniers jours ont potentiellement préparé le terrain, mais il reste difficile de déterminer l’origine exacte de cette chute de roche qui semblait bien ancrée dans son environnement, comme en témoigne la photo. D’ici à ce qu’elle soit retirée par le propriétaire des résidences situées le long du chemin privé de Fontanieu, Philippe Maurel a encore quelques heures devant lui. Il pourra longuement disséquer ce bloc de calcaire si subitement entré dans sa vie, et bientôt reparti…