Var-Matin (Grand Toulon)

Regard de l’autre côté du prisme

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Olivier* a été lourdement condamné dans les années 90. En presque quinze ans passés reclus entre les murs de multiples prisons de France, il a croisé la route de plus de surveillan­ts pénitentia­ires que l’écrasante majorité des détenus. Parmi eux, la mère de sa fille. « Il y a très peu de femmes. Quand on en voit une, il y a un jeu de séduction qui opère. Je l’ai rencontrée à La Farlède, on a accroché, puis on s’est revus à ma sortie. » Plus globalemen­t, « à part ta famille, que tu vois 45 minutes par semaine, ils sont le seul lien que tu as avec le monde extérieur. C’était donc dans mon intérêt de ne pas me fâcher avec. »

« Boire le café ou fumer la cigarette »

Bien au contraire, le Varois a tissé des liens avec certains d’entre eux. De quoi atténuer l’ennui de longues journées de détention. « On fait d’abord connaissan­ce, puis on se serre la main. C’est comme ça qu’une relation démarre.» Et puis, au fil du temps, des discussion­s, la confiance s’installe. « J’avais plaisir à en inviter certains à boire le café ou fumer la cigarette. » Parfois, et même si le code de déontologi­e de la profession le proscrit, ils vont plus loin. « Ce sont des choses simples, rien de méchant, mais ils viennent par exemple jouer au pingpong avec toi alors qu’ils pourraient se faire taper sur les doigts. »

Une poignée de têtes brûlées

Olivier a aussi croisé la route d’une poignée de têtes brûlées. « Des mecs qui t’embêtent pour rien, qui te donnent la migraine, il y en a quelquesun­s…, déplore-t-il. Bon, il faut voir la population qu’ils se farcissent. Vivre au quotidien avec un nombre incalculab­le de fous, des mecs qui devraient, pour beaucoup, être à l’asile, c’est dur. » S’il n’a tissé aucune réelle amitié avec un gardien, il en côtoie encore quelques-uns dans les travées du stade Mayol, lors des rencontres du RCT. « Des mecs qui bossent à La Farlède avec qui le courant passait bien. »

*Il a souhaité préserver son anonymat et ne donner que son prénom.

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Ce n’est pas dans la cour de promenade que surveillan­ts et détenus échangent le plus souvent.
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Une partie du personnel est chargée des extraction­s judiciaire­s. Un métier à part entière.

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