Var-Matin (Grand Toulon)

« La rente est le fardeau des héritiers »

- C..P

Dix-sept ans. Cela fait dixsept ans qu’Annie Geoffroy se bat auprès des divorcés contraints de verser une rente viagère à leur exépouse. À la tête de l’associatio­n des debirentie­rs de la prestation compensato­ire de la zone sud-est (ADEPC), forte de quatre-vingts adhérents, et à la veille de l’assemblée générale à Toulon (1), elle mesure le chemin parcouru. Celui pour aider «les débiteurs de ces rentes viagères très courantes avant la réforme du 30 juin 2000, et qui ont de plus en plus de mal à assumer cette dette qui peut absorber jusqu’à trois quarts de leur retraite. » « Nos adhérents, des hommes âgés au minimum de 75 ans, versent en moyenne plus de 800 euros par mois à leur ex-épouse. Certains depuis trente et quarante ans, explique-t-elle. Des sommes cumulées qui dépassent les 200 000 euros, ce qui représente trois à quatre fois les prestation­s en capital, attribuées depuis la réforme du divorce. »

Des retraités obligés de vivre chez leurs parents

Des cas difficiles qui contraigen­t parfois, comme c’est le cas pour deux adhérents retraités habitant à Hyères, de vivre chez leurs parents. Aussi, les avancées obtenues au niveau législatif réforme de 2004 et le dernier amendement de 2015 (Lire ci-dessus) - la confortent dans la poursuite d’un combat légitime : celui d’obtenir la suppressio­n coûte que coûte de la dette au décès du débirentie­r. « Les héritiers le vivent comme un fardeau sur la succession », et « c’est une double peine» affligée à la fois au débirentie­r mais aussi à la compagne avec laquelle il a refait sa vie après le divorce. « Unevieà trois », commente-t-elle affligée. « Nombre de débirentie­rs vivent dans la hantise de laisser à leurs héritiers une situation catastroph­ique, explique Annie Geoffroy. Les problèmes importants surgissent au décès du débiteur lors du partage de la succession. «L’actif est amputé de la dette que représente cette rente transformé­e en capital en raison d’un barème prohibitif basé sur l’espérance de vie. À la peine de ces héritiers s’ajoutent une nouvelle douleur morale et une charge financière insoutenab­le, pour ces familles recomposée­s. » Annie Geoffroy ne désespère pas « qu’un jour les choses viennent à bouger.»

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(Photo Frank Muller) « A la peine de ces héritiers s’ajoutent une douleur morale et une charge financière insoutenab­le », déplore Annie Geoffroy.

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