Ghost in the shell : Scarlett et Juliette font la paire
Étonnant équipage que celui formé par Scarlett Johansson et Juliette Binoche dans Ghost In The Shell, adaptation au format blockbuster du manga culte de Masamune Shirow. La première est une habituée du genre (Avengers, Lucy, Iron Man, Captain America…). Elle y décline une fois de plus son personnage de cyber guerrière en combinaison ultra-moulante. La seconde a plutôt fait carrière dans le cinéma d’auteur (Kieslowski, Haneke, Léos Carax, Dumont…). On ne l’attendait pas forcément en Dr Mabuse 3.0, dans une saga futuriste japon(i)aise à effets spéciaux. Les deux assuraient pourtant la promo avec vaillance pour l’avant-première française du film au Grand Rex.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter ces rôles ? Scarlett Johansson : Ça a été un long processus de réflexion entre le moment ou on a commencé à en parler et celui du tournage en Nouvelle-Zélande. Ce n’était pas évident de transposer en images réelles un film d’animation considéré comme un chef-d’oeuvre. Je trouvais le personnage assez froid et je me demandais comment lui donner plus d’humanité. On en a beaucoup parlé avec Rupert [Sanders le réalisateur de Ghost In The Shell ndlr ]etjeme sentais de plus en plus investie. Au final, c’est ce partenariat créatif autour du personnage qui m’a décidée à le faire. Juliette Binoche : Pour moi, c’était surtout la possibilité d’une aventure dans des zones différentes de celles où j’évolue généralement. Le problème c’est que je ne comprenais pas grand-chose à cette histoire. Il me manquait les codes et le vocabulaire du manga. Je n’y trouvais aucune entrée possible. Je l’ai dit à Rupert, mais il a insisté. Il est revenu trois fois à la charge et pour me convaincre il a demandé qu’on développe le rapport entre Major et le Dr Ouélet que je joue. Au final, j’étais très excitée à l’idée de travailler avec Scarlett sur ce rapport maternel et complexe qui se noue entre les deux personnages. C’était difficile mais excitant. J’y ai vu une belle marche vers une création intéressante.
Ghost In The Shell ça pourrait être une métaphore du métier d’actrice, non? Scarlett Johansson : Non, au contraire. La connexion entre le corps et l’esprit, c’est ce qu’il y a de plus important pour un acteur.
L’esprit et le corps doivent être en complète osmose, pas séparés l’un de l’autre, quand on joue. Juliette Binoche : C’est vrai que dans l’éducation occidentale on a tendance à séparer les deux. On s’assoit derrière une table, on oublie le corps et on développe son esprit. Le travail de l’acteur, c’est d’abord celui de la reconnexion avec ses propres sensations. Pour exprimer une émotion ou une idée, à l’écran ou au théâtre, tout passe par le corps.
Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ? Scarlett Johansson : J’apprends toujours quelque chose sur un tournage. Surtout à connaître mes limites ! (Rires). Mais parfois aussi à les dépasser. Cette fois, ça a confirmé une chose que je pense profondément : c’est qu’il faut travailler avec de vrais partenaires créatifs, comme Rupert. C’est vraiment essentiel, car quand cette connexion ne se fait pas, ça rend le travail plus difficile. Non que sur ce tournage le travail n’ait pas été difficile, mais il l’a été d’une manière intéressante et créative. Juliette Binoche : Pour moi, ça a confirmé que le plus important c’est d’être en phase avec ce qu’on ressent et de l’assumer. Mes premiers refus ont permis de nous rapprocher avec le réalisateur et de faire de cette relation entre Major et mon personnage un atout supplémentaire pour le film. Mais si on n’a pas en face de soi des gens à l’écoute, qui vous comprennent et qui y croient, ce n’est pas possible. Un film, c’est vraiment une création à plusieurs.