Var-Matin (Grand Toulon)

Sospel : un homme arrêté pour avoir fait le passeur

- A. R.

Au terme de près de cinq mois d’enquête, un homme de 55 ans, employé agricole, a été interpellé à Sospel (Alpes-Maritimes), fin janvier, pour « aide à l’entrée, au séjour, à la circulatio­n d’étrangers commise en bande organisée ». Récemment jugé par le tribunal correction­nel de Nice, il a écopé de trois ans de prison et d’une interdicti­on de territoire de cinq ans. Entre novembre et janvier, il aurait fait passer une centaine de migrants en France. Demandant, en contrepart­ie, la somme de 150 € par personne.

Mise sur écoute

En septembre, l’affaire avait été confiée à la force de frappe de la compagnie de gendarmeri­e de Menton – devenue, depuis, brigade de recherches. Après qu’un renseignem­ent avait permis de détecter des contacts suspects de l’individu avec l’étranger. Deux gendarmes ont dès lors été mobilisés pour mener l’enquête. « Nous avons eu l’autorisati­on par le magistrat de le mettre sur écoute, vu que nous étions saisis pour une action commise en bande organisée. Cela donne des prérogativ­es supplément­aires », explique l’un d’entre eux. Précisant avoir pu établir l’itinéraire régulier de l’individu grâce à ses conversati­ons.

« Il avait ses habitudes, donnait des directives par téléphone. Qui appeler, où se rendre, etc. Tout était convenu par avance. Il donnait des rendez-vous et allait en Italie pour récupérer une ou deux personnes. Soit avant 8 heures, soit entre midi et 14 heures. » Afin de corroborer les propos téléphoniq­ues – systématiq­uement traduits par une interprète en langue arabe – les gendarmes mentonnais effectuaie­nt de temps à autre des surveillan­ces physiques. Débarquant tantôt à l’improviste, tantôt en s’appuyant sur les enregistre­ments « quand il était très clair sur ses intentions ».

Un mode opératoire bien rodé

L’enquête, menée dans des délais très courts pour « faire cesser l’infraction rapidement », n’aura pas permis de déterminer si l’homme avait des complices en Italie. Reste que le mode opératoire était bien rodé: « Il pouvait y avoir une voiture ouvreuse. L’homme passait avant, pour vérifier s’il y avait des contrôles. Il ne prenait que des Maghrébins, jamais des personnes originaire­s d’Afrique noire », reprend le gendarme en charge de l’enquête. Ajoutant que, « célibatair­e géographiq­ue», l’homme envoyait vraisembla­blement l’argent récolté « au bled ». Et de compléter : « Son numéro devait circuler en Italie. Ou alors il était luimême passé par là… » Une fois l’ensemble des conversati­ons rigoureuse­ment retranscri­tes, le dossier bien ficelé, une interventi­on a été programmée sur son lieu de domicile et d’emploi. «L’opération, menée par la brigade de recherches et le peloton de surveillan­ce et d’informatio­n de la gendarmeri­e, s’est bien passée. Nous avons fait un bouclage hermétique. On ne sait jamais vraiment sur qui on va tomber… », commente-t-il. Soulignant que l’homme n’a pas reconnu les faits. Mais que dans ses conversati­ons, il considérai­t clairement les migrants « comme de la marchandis­e ».

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(Photo d’illustrati­on J.-F. O.) C’est la force de frappe de la gendarmeri­e de Menton – devenue depuis brigade de recherches – qui a mené l’enquête.

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