Journée de soutien aux « Justes » de la Roya
Déjà, en 2013, sur l’île italienne de Lampedusa, le pape François dénonçait la « mondialisation de l’indifférence » concernant le sort réservé aux migrants. Demain, dans la salle l’Hélice, au 68 avenue Agostini, le collectif Migrants 83 a décidé d’accueillir des habitants des Alpes-Maritimes, et plus particulièrement de la vallée de la Roya, ayant décidé de venir en aide aux réfugiés - majoritairement des Soudanais et des Érythréens passés par Lampedusa - qui se pressent à la frontière franco-italienne. Si la venue de leur porte parole Cédric Herrou n’est pas prévue, de 13h30 à 17 h, les Toulonnais pourront échanger avec d’autres citoyens de la Roya sur la situation migratoire, avant de participer, à 18 h, sur la place de Liberté, à un « cercle de silence » en hommage aux migrants.
Neuf morts à la frontière
« Entre septembre dernier et aujourd’hui, nous estimons qu’il y a eu neuf migrants morts à la frontière francoitalienne », raconte Laurent Gilbert, porte-parole du collectif. Des morts accidentelles, le long des voies ferrées ou sur les hauteurs des montagnes françaises et italiennes… Depuis 2015, le collectif a également dénombré huit cas de poursuites devant le tribunal de Nice à l’encontre d’Azuréens ayant aidé des réfugiés, et un cas devant le tribunal d’Imperia, en Italie. Une aide qui se résume parfois au simple don d’un peu d’eau ou de nourriture à des êtres humains exténués, mais qui est le plus souvent considérée comme une « facilité d’entrée, de circulation et de séjour irréguliers ». Soit une violation de l’article L. 622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), qui peut être punie de cinq ans de prison et de 30 000 euros d’amende. À chaque fois, le collectif organise des covoiturages jusqu’à Nice, pour afficher son soutien devant ou dans le tribunal. Les prochaines expéditions niçoises sont prévues les 4 et 24 avril, où deux affaires doivent être jugées. « Que la solidarité soit réprimée comme ça, ce n’est pas tolérable !», s’emporte Guy Cochennec, membre du collectif. « Ces migrants ont traversé l’enfer, ils sont le plus souvent passés par la Libye, où des femmes se font violer et des hommes détrousser, et la France les refoulent au mépris de la Convention de Genève et des droits de l’homme… », soupire Laurent Gilbert. Et de continuer : « Dans cette situation, il y en a qui relèvent la tête, ce sont les justes de notre temps. » Et il y a urgence. Si l’on en croit l’Organisation internationale des migrations, environ 46 000 personnes seraient mortes en traversant la Méditerranée pour tenter de gagner l’Europe.