Détenu roué de coups : deux hommes condamnés
Ecrouée à la prison de La Farlède, la victime a été prise à partie dans la cour de promenade en avril 2016. Deux individus identifiés par les surveillants ont écopé d’un an de prison ferme
Le 24 avril 2016, un détenu est frappé, à coups de poing et de pied, dans la cour de promenade de la prison de La Farlède. Un certificat médical attestera de 45 jours d’ITT. La victime reste peu loquace sur les circonstances de ses blessures. Il assure même s’être fait mal à la cheville pendant une partie de foot. Ce mercredi, deux hommes ont toutefois été traduits devant le tribunal correctionnel de Toulon pour violences commises en réunion. Au fil des investigations, ils ont été désignés comme deux des auteurs de l’agression commise il y a près d’un an. Présenté en comparution immédiate le 15 mars, le duo avait sollicité un délai pour préparer leur défense. Leurs versions n’ont pas évolué. Ils ont contesté leur participation.
Vidéos et témoignages
Benyahia B., 21 ans, détenu depuis 17 mois, a assuré que la victime était son ami. « J’étais en train de fumer avec lui, il est parti et j’ai vu qu’on le prenait à partie. On s’est précipité mais je ne l’ai pas frappé ! ». M. Boulanger, le président, lui fait remarquer que sur les images des caméras de vidéosurveillance on le voit mettre un coup de pied. Des surveillants attesteront aussi de la scène. Un déséquilibre selon l’intéressé : « On m’a poussé ». Eddy T., 21 ans s’étonne d’être identifié par les gardiens. «Je jouais aux dames ! Il y a une caméra en face, pourquoi on ne l’a pas visionnée pour confirmer ce que je dis ? Je n’étais pas dans le moulon ». Pour Bernard Marchal, procureur de la République, les faits sont caractérisés, confirmés par la vidéosurveillance et par les témoignages des surveillants. Et de souligner le lourd CV judiciaire d’Eddy T., avec ses trente-trois inscriptions au casier (dont trente-et-une devant les juridictions pour enfants), « sans compter la condamnation prononcée par la cour d’assises des Bouchesdu-Rhône, à 25 ans de réclusion criminelle mentionnée sur la fiche pénale ». Il a
(1) été requis entre 3 et 4 ans de prison.
La défense plaide non coupable
En défense, Me Dip (du barreau de Marseille) a plaidé non-coupable et émis des doutes sur le contenu des auditions des surveillants. « A les lire, les surveillants connaissent par coeur les numéros d’écrous. Un des surveillants n’a pas assisté à la scène mais il reconnaît les deux hommes! Il y a un sérieux problème… Y a-t-il eu coup porté? Sur la vidéo, le geste est sujet à interprétation ». Pour Eddy T., la défense plaide aussi la relaxe au bénéfice du doute. « Ce dossier est présenté comme un dossier de l’évidence mais nous sommes face à des auditions de surveillants contradictoires (...). On se demande pourquoi on n’a pas visionné la caméra située face aux jeux de dames. On a le sentiment que rien n’est certain dans cette affaire. Il y a tout un flou au niveau des identifications des agresseurs… ». Le tribunal a prononcé à l’encontre des deux mis en cause des peines d’un an de prison avec maintien en détention. « Comment on va s’en sortir si l’on nous croit jamais! », s’est exclamé Eddy T. avant de quitter la salle. 1.EddyT.aétécondamnéle1er décembre 2016 pour le meurtre d’un adolescent de 17 ans à Marseille. Il a fait appel de sa condamnation. Il est présumé innocent dans le cadre de ce dossier qui sera renvoyé devant une cour d’assises d’appel.