Home-jacking à Saint-Raphaël: l’homme de main avait l’âme tendre
Il y a manifestement eu une erreur de casting, le soir du 16 mars dernier à Saint-Raphaël, où le malfaiteur qui a agressé à son domicile un couple de quinquagénaires, pour vider son coffre-fort, est reparti bredouille, sans même avoir tenté de l’ouvrir. Déféré mardi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Draguignan, Michel Mehl, 59 ans, n’en a pas moins été condamné à deux ans ferme, avec mandat de dépôt, pour vol avec violences.
Le magot était derrière l’aspirateur
En rentrant du restaurant ce soir-là, les époux venaient de désactiver l’alarme de leur domicile, quand un homme masqué a surgi derrière eux et les a bousculés. « Où est le coffre?» Le mari s’est rebiffé et a reçu une volée de coups de poings et de pieds. Refusant malgré tout d’indiquer l’emplacement de son coffre, il a été surpris de s’apercevoir que l’agresseur savait parfaitement où il se trouvait. Au fond d’un placard, derrière l’aspirateur. Il a tout autant refusé de donner la clé du coffre. Le malfaiteur a alors déclaré forfait, emportant seulement un trousseau de clés et le téléphone portable des victimes.
Un sensible
Le tribunal n’a pas caché sa surprise devant ce renoncement soudain de Michel Mehl, ex-militaire, ex-garde du corps à la carrure impressionnante. Pourquoi, après tant de violence, partir sans ouvrir le coffre ? « Le coffre était scellé, et je ne savais pas où était la clé ,a expliqué le prévenu. J’avais frappé le monsieur en retenant mes coups, et je pensais qu’il allait ouvrir le coffre. Au lieu de cela, il m’a dit : “Vas-y, tue-moi.” J’ai vu qu’il était déjà blessé à l’oreille. Je n’ai pas voulu aller plus loin. » Michel Mehl a confirmé au tribunal qu’il avait appris l’emplacement du coffre, par un homme dont il ne pouvait révéler l’identité. Et qui tenait lui-même ce renseignement de proches des victimes. Selon ces informations, le coffre renfermait près de deux millions d’euros en espèces.
Sursis révoqué
« Cela aurait pu être le casse du siècle, a plaidé Me Stéphanie Weber, face aux réquisitions du procureur Vincent Jacquey. Mais ce braquage, qui semblait préparé, se résume à rien. » Elle a demandé au tribunal de tenir compte du mouvement d’humanité du prévenu, qui l’avait conduit à se désister de son action violente. Restait que les faits étaient graves. Raison pour laquelle le tribunal a alourdi la peine de Michel Mehl, en révoquant un précédent sursis de quatorze mois.