Dos au mur
Incontestable favori, l’ASM aura toute la pression sur les épaules. Une situation inédite sur laquelle le RCT va tenter de surfer même si, a priori, la vague s’annonce trop haute pour lui
Cet après-midi, dans l’enfer du stade Marcel-Michelin de Clermont, le RCT devra créer l’exploit pour se qualifier en demi-finale de coupe d’Europe
Dernier quart de finale de cette troisième Champions cup, ce Clermont - RCT n’a pas fait recette à Toulon mais va de nouveau embraser les volcans d’Auvergne. Malgré un engouement en berne dans le Var, où Mourad Boudjellal n’est pas le seul à déprimer cette année, le stade Marcel-Michelin sera plein comme un oeuf cet après-midi. Trop heureux de récupérer 2700 places qui n’avaient pas trouvé preneur sur la rade, la Yellow Army a tout raflé en quelques heures et s’est préparée à faire une fête à tout casser. L’occasion de solder une partie de ses comptes avec le RCT semble, il est vrai, idéale. Et dans le Massif central, personne n’a évidemment oublié les deux finales de coupe d’Europe perdues, en 2013 et 2015, face au RCT. Surtout celle de 2013…
L’espoir d’un nouveau coup de Jarnac
Rescapés de dernière minute de la phase de poule, cette fois, les Rouge et Noir ne semblent pas en mesure de pouvoir contester la supériorité de Clermont. La victoire du RCT, synonyme de qualification et de demi-finale à Marseille face au Leinster, relèvera d’une vraie gageure, compte tenu du niveau de forme de l’ASM, qui fait de nouveau figure d’épouvantail dans cette compétition européenne, et des difficultés persistantes des hommes de Mike Ford. Mais tant que le match n’est pas joué, l’espoir d’un nouveau coup de Jarnac existe. Quoique infimes, les chances du RCT de déjouer les pronostics sont bien réelles… Car personne ne peut savoir comment les Jaunards vont, cette fois, se comporter face à leurs anciens bourreaux. Qu’ils enfoncent très vite le pack toulonnais et prennent la ligne d’avantage, et l’addition sera sans doute salée. Mais la moindre hésitation ou fêlure dans leur dispositif bien rodé, pourrait aussi les amener à douter et à perdre le fil de leur jeu. Le match des mots a bien sûr été lancé par Mourad Boudjellal très tôt dans la semaine, et les hommes de Frank Azéma ont bien pris garde de ne pas se laisser polluer par les propos présidentiels. Jusque-là, bien à l’abri dans leur bulle, sûrs de leur force et de leur jeu, ils paraissaient presque invincibles. Mais cet après-midi, ils seront beaucoup plus exposés. Pour battre Clermont, Toulon le sait, il n’y a pas 36 solutions. Montpellier l’a encore rappelé récemment : il faut les prendre physiquement. L’entame sera donc plus que jamais déterminante pour les Toulonnais, qui devront tout faire pour marquer leur territoire et lézarder très vite le mur de certitudes clermontois.
Se souvenir des Saracens
Mais l’affaire est loin d’être entendue et, dans tous les cas, ne pourra pas être réglée en un quart d’heure, aussi brillant pourrait-il être... Pour prolonger son rêve européen, le RCT, du 1 au 23, devra aussi sortir un match plein 80 minutes durant, ce qui ne lui est pas arrivé à l’extérieur depuis la fin janvier et la courte défaite concédée aux Saracens (10-3). Il devra aussi compter sur la réussite qui le fuit depuis si longtemps, sur un arbitrage qui ne le lèse pas… Bref, les conditions d’un exploit sont encore loin d’être réunies. Mais si près d’une nouvelle demi-finale, le RCT ne peut pas abdiquer sans avoir tout donné. Car s’il n’a vraiment rien à perdre en cet aprèsmidi logiquement promis aux Auvergnats, il serait quand même dommage qu’il ait, à la fin, des regrets...