NOS TRÉSORS
Le moine défroqué qui règne sur le Castellas de Roquefort-les-Pins, pille et tue dans toute la région avec l’aide de la population. Pour éradiquer le problème, en , le roi de Naples fait brûler le site avec les habitants. Ses vestiges sont aujourd’hui
Au XIe siècle, sur le piton rocheux qui surplombe l’actuelle commune de Roquefort-les-Pins (aujourd’hui située dans les Alpes-Maritimes), se trouvait un village fortifié appelé le Castellas – château de Roquefort – rocher fortifié. L’enceinte, construite en arc de cercle et bâtie de pierres de taille, abritait des habitations, un château, une église et un donjon. Elle s’étalait sur près de 3000 m² présageant d’une population conséquente et d’une place stratégique dans la défense du littoral. Aujourd’hui, seuls des vestiges éparpillés dans les taillis témoignent de sa gloire passée, malheureusement entachée par une sordide histoire. Aussi loin que remonte son passé, le territoire de Roquefort appartenait à l’abbaye de Lérins, jusqu’à ce qu’elle le cède à la commune de Saint-Paul de Vence en 1241, qui installe le prieur Féraud de Cabris, à la tête de l’église du Castellas. Rapidement, le moine quitte la robe et s’empare du château. Assoiffé de pouvoir, il arme un grand nombre de gens aux fins d’attaquer voyageurs et communes voisines.
Le sinistre prieur détruit le château de Draguignan
Menés par le moine défroqué, les villageois assiègent les châteaux et tuent ceux qui refusent de se soumettre, laissant dans les mémoires l’incendie meurtrier du château de Draguignan (aujourd’hui commune du Var). Féraud sème la terreur et il devient notoire que Roquefort est un repaire de dangereux brigands conduits par un moine. En 1341, Robert d’Anjou (1277-1343), roi de Naples et comte de Provence décide de mettre fin à ces exactions et ordonne la destruction du castellas de Roquefort-les-Pins. La population se mobilise alors pour parer à l’attaque des gens du roi. Profitant de l’absence des hommes, partis brigandés, les soldats investissent le château et le brûlent avec tous ceux qui sont à l’intérieur, agissant de même que Féraud à Draguignan. Voilà la triste fin du Castellas de Roquefort, victime des folles entreprises d’un moine défroqué, devenu chef de bande et dont l’ascendant avait dévoyé toute une population. Si un témoignage relatif à cette histoire est cité dans L’Abbaye de Lérins de Henry Moris, archiviste de l’abbaye (1884), rien ne précise où, comment ni quand, a disparu le fougueux moine ! Roquefort-les-Pins va renaître vers 1588, lorsque s’installent 400 familles sur des parcelles, situées sur un plateau en contrebas des vestiges du triste Castellas et placées au centre d’un carrefour de circulation entre Grasse, Saint-Paul et Antibes. Mais, le village moderne ne va réellement prendre vie qu’au XIXe siècle. Le site du Castellas est un but de promenade au départ de la Colle-sur-Loup.