Var-Matin (Grand Toulon)

Un déchaîneme­nt de violence

Toulon Les agresseurs de la famille ont écopé de peines allant de 3 à 5 ans de prison. L’affaire, très largement reprise dans les médias, s’était déroulée en septembre 2016 à Sainte-Musse

- PEGGY POLETTO

En septembre 2016, le fait divers fait la une des journaux. Deux familles qui se promenaien­t tranquille­ment sur la piste cyclable le dimanche 4 septembre, vers 13 heures, sur l’avenue des Armaris dans le quartier SainteMuss­e, à proximité de la cité des Oeillets, ont violemment été prises à partie par une bande d’une dizaine d’individus. Deux mères de famille d’une trentaine d’années, leur frère, leurs époux et leurs trois enfants âgés de 10 à 14 ans se retrouvent encerclés. Insultés. Victime d’un acharnemen­t peu commun de violence alors qu’ils circulaien­t sur la piste cyclable en rollers et vélos en cette première semaine de rentrée scolaire. Il sera fait état, dans un premier temps, de la tenue portée par les jeunes femmes - un ou des shorts - qui s’avéreront être en réalité des leggings (pantalons de sport serrés). Un détail presque pour les enquêteurs qui s’activent à déterminer l’identité des auteurs des coups qui ont notamment cloué au sol l’un des pères de famille, mis KO par un coup-de-poing porté à la tempe, et massacré son beaufrère en s’acharnant sur son visage (multiples fractures) et lui cassant les côtes sous le regard de leurs compagnes et de leurs enfants en pleurs. Pendant que « l’affaire des shorts » gangrène la sphère médiatique et politique sur fond de… radicalisa­tion, les services de police toulonnais interpelle­ront cinq individus : trois mineurs et deux majeurs. Ces derniers, Sami Ben Salem (dit le boxer) et Marwene Boukoum (dit Ramzi) ont été respective­ment condamnés ce vendredi devant le tribunal correction­nel de Toulon à des peines de 5 ans de prison (dont 1 an avec sursis avec mise à l’épreuve) et 3 ans (dont un an avec sursis avec mise à l’épreuve) avec maintien en détention. Retour sur des faits qui ont défrayé la chronique.

Les faits: «Vas-y, mets toi toute nue… Oh jolie ! Gadji… Putes »

Lorsque les mamans arrivent au niveau d’un feu tricolore, accompagné­es par leurs compagnons pour traverser au passage piéton, elles sont alpaguées par une bande de cinq à dix jeunes campés derrière un grillage. Les termes sont injurieux et sexistes : « Vas-y, mets toi toute nue… Oh jolie ! Gadji… Putes ». Les époux leur demandent de parler autrement à des mères de famille avant de poursuivre leur route. Mais les réponses des personnes insultées déplaisent au groupe. Les jeunes encerclent les familles avec le seul but d’en découdre. À partir de ce moment, la situation dégénère. Les coups pleuvent. Le médecin légiste attribuera des ITT allant jusqu’à 30 jours pour les victimes.

Le rôle des deux majeurs : « On a mal interprété les choses »

À la barre, Sami Ben Salem a expliqué ne pas avoir vu le début de la scène. Il était assis plus loin, à la terrasse d’un café. Mais il va arriver en courant. « J’ai vu trois hommes qui avaient l’air de se disputer avec les jeunes ». Alors Sami Ben Salem, 36 ans, médiateur sportif, va venir pour… frapper. « J’ai entendu bande de singes. Animaux. J’ai mal interprété ». Mme Krummaneck­er, la présidente du tribunal l’interpelle : « Vous êtes médiateur, vous auriez dû jouer le rôle de grand frère et calmer les choses ». Le calme empreint de remords affiché par cet homme se confondant en excuses lors des débats tranche avec un casier judiciaire noirci de six condamnati­ons (violence avec arme, outrages, vol aggravé, stupéfiant­s, agression sexuelle…). Son comparse, Merwene Boukoum, 21 ans, sans emploi avec deux mentions à son CV judiciaire (vol avec violence et recel) était allé chercher des cigarettes. « C’était une des victimes qui cherchait la merde ». Il lui est rappelé que, devant le juge d’instructio­n, il avait indiqué avoir entendu les familles se faire insulter (« Les filles sont habillées comme des putes»). Réponse : «Je n’ai jamais dit ça. Et les minots derrière les grilles, ce sont des minots tranquille­s ». Trois de ces « minots » mis en examen dans le cadre de cette affaire vont d’ailleurs prochainem­ent répondre des faits devant le tribunal pour enfants. Écroués à l’issue de l’audience, les deux hommes ont dix jours pour faire appel du jugement.

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(Photo Dominique Leriche) C’est le long du boulevard des Amaris que la famille a subi une agression sauvage le  septembre . Pour Me Arnaud Lucien ci-contre, avocat des parties civiles, la famille « a voulu ramener à la sagesse des jeunes qui voulaient en découdre sans...

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