Var-Matin (Grand Toulon)

Beaucoup de bruit puis rien

Durant des semaines, jour et nuit, les habitants d’un pâté de maison de la haute ville ont enduré un sifflement ininterrom­pu et inexpliqué, mettant leurs nerfs à rude épreuve

- P.-H. C. phcoste@nicematin.fr

Ça m’a fait comme dans piqûres d’aiguilles dans les oreilles et des courbature­s dans la nuque. »« Moi, j’avais des vertiges et je pense que c’est lié. »« C’était intolérabl­e, ça nous a rendus barges, j’ai encore des acouphènes. » Depuis fin mars, les habitants d’une demi-douzaine d’immeubles coincés entre la rue Victor Clappier, la rue Picot, la rue d’Antrechaus et l’avenue Colbert n’ont qu’un sujet de conversati­on : le bruit. Et pas n’importe lequel. En plein centre-ville, ils pourraient souffrir de celui de la circulatio­n, des travaux, du passage des trains ou des répétition­s à l’opéra tout proche. Non. Ce qui les épuise, c’est un bruit strident et mystérieux qui s’est invité dans leur petit intérieur. « On dirait une alarme incendie comme on est obligé d’en avoir chez soi maintenant, explique Grégoire. Ca fait un sifflement mais sans modulation. »

Pas de pause

« Le volume a été mesuré entre 49 et 51 décibels », complète Laurent. En soi, ce n’est pas assourdiss­ant mais c’est le caractère incessant de la nuisance sonore qui a mis les riverains sur les dents. « Il faut imaginer ce que ça fait de subir ce sifflement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, grince Nathalie. C’est très angoissant. » Après quelques sifflement­s lors de week-ends de début mars, le sifflement n’a pas marqué la moindre pause durant presque trois semaines à partir de fin mars. « C’était devenu une obsession », avoue Nathalie. D’autant plus pénible, que les voisins, réunis dans l’agacement, ne parviennen­t pas à en découvrir l’origine. « Ce qui est sûr, c’est que ça venait de la cour intérieure, raconte Grégoire. Le son s’entendait partout mais jamais plus fort à un endroit qu'à un autre. » « On a débranché toutes les climatisat­ions dans la cour, ça n’a rien changé », peste Laurent. « On a regardé sur les toits aussi, en vain. » L’origine du bip reste inlocalisa­ble. Les services de police ou la mairie n’ont pas plus de succès. Les syndics pas d’avantage. Et personne n’ose prendre la décision de couper totalement l’électricit­é pour voir si ça arrange quelque chose. « C’est peut-être ce qui m’énerve le plus, confie Grégoire. Voir que, alors qu’on paie des impôts, les autorités constatent qu’on subit effectivem­ent une nuisance, mais baissent les bras en nous disant qu’elles ne peuvent rien faire et qu’il faut qu’on accepte notre sort, c’est intolérabl­e. » Alors qu’une pétition regroupant les trente-sept signatures des riverains est envoyée en mairie, tout est envisagé. Le tunnel de Toulon d’abord. Il passe à la verticale de l’immeuble, mais pourquoi ce bruit tout d’un coup ?

Sur la piste du bip

Les compteurs Linky, installés récemment? Pourquoi pas, on leur prête tous les maux, mais ils sont dans les cages d’escaliers, pas dans la cour… Les orages aussi font un passage sur le banc des accusés. « Le seul effet positif, c’est que cette histoire nous a permis de faire connaissan­ce entre voisins », sourit Grégoire. Et puis, tout d’un coup, plus rien. « Le bruit s’est arrêté avant qu’on arrive à comprendre d’où il venait », s’étonne Laurent. Un soupir de soulagemen­t qui se grippe un peu à l’idée que le bip, à l’origine toujours pas établie, puisse revenir aussi subitement qu’il est parti.

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(Photo P.-H. C.) Le « bip » vient de la cour, mais d’où précisémen­t, mystère ?

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