Marine Le Pen: « N’ayez pas peur de la liberté ! »
En meeting hier soir à Nice, la candidate frontiste a continué à taper fort sur Emmanuel Macron, tout en déclinant les fondamentaux économiques et surtout sécuritaires de son programme
C’est limpide désormais, on l’a bien compris depuis sa virée surprise à Amiens mercredi, Marine Le Pen a choisi une stratégie de second tour et elle s’y attelle de toutes ses forces : taper dru sur Emmanuel Macron, punching-ball saoulé de coups, plus encore que mettre en avant son propre projet, dont les contours sont, elle le sait, à peu près connus de tous aujourd’hui. Hier soir au Palais Nikaïa de Nice, devant quelque 4 000 partisans en fusion, drapeaux bleu-blanc-rouge virevoltant et Marseillaise à fleur de gorge, la candidate frontiste n’a eu de cesse de pourfendre son adversaire. Avec Marine Le Pen, nulle finasserie. Personne n’intervient avant elle pour chauffer la salle. D’entrée, la patronne prend les choses en main. Et elle cogne, sans round d’observation.
« Pompier pyromane »
« Macron, c’est le pyromane qui veut se faire passer pour le pompier » ,pilonne d’emblée la candidate, s’offusquant que son rival se présente lui aussi en « patriote ». « M. Macron est notre antithèse parfaite, il présente un projet de dilution mondialiste et immigrationniste. Cette élection est un référendum pour ou contre la France. Moi, je vous invite à choisir la France contre le candidat du système. » Elle charge la barque, encore et encore, dénonçant la vision «exclusivement marchande » du candidat en marche vers l’Elysée. Sa concurrente frontiste se pose a contrario en championne du peuple, qui abolira la loi El Khomri ou relèvera le minimum vieillesse. « Je n’accepte pas que la durée du travail soit négociée dans l’entreprise, comme le veut M. Macron. C’est se lancer dans une course au dumping social, s’orienter vers une société dans laquelle la seule loi sera la loi du plus fort. Cette marchandisation du monde est pour nous intolérable », s’émeut-elle. Contre « la logique individualiste » de son opposant, elle promet d’être celle qui « protégera et mettra en oeuvre le patriotisme économique ». Ce front social installé, Marine Le Pen revient vite enfoncer le clou des fondamentaux du FN, l’immigration et la sécurité, tout en prenant soin de ne pas prêter le flanc à la caricature. « Nous sommes d’une culture, d’une civilisation, mais je parle à tous les Français, je ne regarde pas votre origine, votre couleur de peau ou votre religion, je suis pour l’unité nationale, l’assimilation et non le communautarisme», pose-t-elle. « Je serai la Présidente de la laïcité », en résistance contre «une France hall de gare en proie à la submersion de l’immigration massive. Je redonnerai immédiatement des frontières à notre pays». Victorieuse, elle organiserait aussi dès septembre un référendum constitutionnel «pour renforcer la proximité ». On y trouverait la réduction des députés et sénateurs et l’introduction de la proportionnelle. « Dans cette ville de Nice martyr de l’islamisme », Marine Le Pen se présente en chef des armées qui mènerait « sans faiblesse la guerre contre le terrorisme ». Les mosquées radicales seraient fermées, les fichés S étrangers expulsés. «Mais mon projet n’ira pas à l’encontre des étrangers qui respectent nos lois », prend-elle soin de préciser, promettant l’embauche de 15000 policiers et gendarmes, 6000 douaniers, l’armement des polices municipales ou la conclusion d’accords pour que les étrangers accomplissent leur peine dans leur pays. « 40000 places de prison seront tout de même créées et, surtout, nous restaurerons nos frontières nationales, ce sera ma première mesure. »
« Europe des peuples »
Retour des peines planchers, reconduction des criminels étrangers à la frontière, sort-elle encore de sa besace. Si elle dénonce enfin « l’Union européenne qui est grise », c’est nuance-t-elle pour « lui redonner de la couleur, refonder une Europe des peuples. Je suis la candidate d’une cause, celle du peuple, et d’une belle idée, celle de la patrie. » La conclusion va de soi : « Le changement reste possible si nous choisissons de renouer avec les valeurs qui ont fondé notre nation millénaire. Je dis aux Français dégagez ceux qui vous ont suffisamment fait souffrir. N’ayez pas peur de la liberté ! »