Var-Matin (Grand Toulon)

La présidenti­elle au coeur du défilé

Six cents personnes ont défilé sans enthousias­me sur le boulevard de Strasbourg hier, parcourant une boucle au départ de la place de la Liberté. L’élection présidenti­elle était sur toutes les lèvres

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@varmatin.com

Ambiance glaciale hier en fin de matinée, place de la Liberté. Sous le soleil mais refroidis par le vent, quelque six cents manifestan­ts ont battu le pavé du boulevard de Strasbourg à l’occasion d’un traditionn­el défilé du 1er mai aux fausses allures de marche blanche. Sans surprise, l’entre-deux tours de la présidenti­elle et son « dilemme tragique » ont mobilisé l’esprit de Jimmy Coste, candidat PS dans la 7e circonscri­ption, et ceux de ses voisins de circonstan­ce. Entre rejet du Front national et du libéralism­e de Macron, le barrage a sacrément tangué. Et chacun avait son petit mot à dire face à l’incertitud­e du proche avenir. Non loin de là, derrière les drapeaux bariolés, les porte-voix « du combat de la revendicat­ion de la paix entre les peuples » ont d’ailleurs eu du mal à se faire entendre.

« Je n’attends rien »

« C’est bizarre, on cerne davantage le bruit des camions que celui des revendicat­ions», pousse Claire, une participan­te engagée. « On a essentiell­ement parlé du vote, c’est la question centrale », admet Amélie. « Travailleu­r, électeur, cela va de pair. » Au départ, le rassemblem­ent « face à l’austérité économique, la haine et au repli sur soi » était organisé à l’appel de l’intersyndi­cale CGT, Solidaires et FSU. Mais les mouvements politiques de gauche – la France Insoumise, les Jeunes socialiste­s et même quelques représenta­nts de cercles anarchiste­s – ont rejoint la protestati­on bien avant les premières foulées. Histoire de prêcher la bonne parole. « Je suis jeune, je suis là, s’affole Paul, un “Insoumis” qui a voté pour la première fois. Ça bouge, une nouvelle gauche s’est créée. Ce n’est pas un meeting (hier) mais on se reconnaît à travers les sensiblité­s. L’union des luttes, les Insoumis n’attendent que ça… » « Beaucoup sont déçus, démobilisé­s, pensent que Le Pen ne passera pas, or c’est dans ces moments-là qu’il faut être encore plus fort », analyse le candidat insoumis de la 2e circonscri­ption, Michel Lagreca. À défaut de savoir où il allait, le cortège clairsemé a ainsi devisé entre ombre et lumière, sans se bercer d’illusion. « Je n’attends rien ni de Macron, ni de Le Pen », poursuit Paul. « Ce n’est que la première manifestat­ion d’une longue série, relève Sophie. On attend surtout les législativ­es. » Derrière ses lunettes fumées d’aviatrice, Sonia, pour qui « les jeux de la présidenti­elle sont faits », embrasse le parcours tout en contemplan­t sa nostalgie. Il y a quinze ans, au second tour Chirac-Le Pen, la place de la «Lib»« était blindée ».« Le FN au pouvoir, c’était impensable à l’époque. Le contexte local (le parti était aux affaires municipale­s de 1995 à 2001, Ndlr) avait aussi renforcé le mouvement. Là, il n’y a personne (sic). Voir où on est aujourd’hui, c’est malheureux. On va devoir lutter, encore et encore… » « Macron, Le Pen, ce n’est pas comparable, réfute Amélie. Avec Macron, il y a un dialogue possible. Le FN, c’est autre chose. Mais on ne le dit pas assez en ce moment, ce n’est pas ce qu’on entend dans les médias… »

 ??  ??
 ?? (Photos Valérie Le Parc) ?? Le cortège a parcouru sans enthousias­me une boucle à partir de la place de la Liberté, en arpentant le boulevard de Strasbourg jusqu’au rond-point Bir-Hakeim.
(Photos Valérie Le Parc) Le cortège a parcouru sans enthousias­me une boucle à partir de la place de la Liberté, en arpentant le boulevard de Strasbourg jusqu’au rond-point Bir-Hakeim.

Newspapers in French

Newspapers from France