GRAND TOULON Passion métal : les fans de hard rock racontent
Un temps en perte de vitesse en bords de rade, le métal a développé une sacrée capacité de résistance. Et pourrait bien se lancer dans une Reconquista toulonnaise...
0 septembre 1988. Il y a cinq mois, François Mitterrand a été réélu président de la République. Mais en ce jour de l’été indien, la reconduction à la tête de l’État du vieux Machiavel socialiste paraît bien lointaine. Presque anecdotique. Car à Toulon est en train de s’écrire une page de l’histoire du rock varois : Metallica joue à l’espace culturel des Lices. Lorsque dans sa boutique encombrée de guitares jouxtant la gare, Steel Music, Sébastien Jimenez parle de cet épisode, c’est tout juste si l’on ne peut pas attraper l’émotion à pleine main. « On était 250 sous un chapiteau… À la même époque, Metallica remplissait des stades aux États-Unis ! »
Signes métalliques
Écouter le guitariste du groupe P-Troll retracer l’histoire du métal à Toulon, c’est un peu comme embarquer dans la machine à remonter le temps du rock. « Dans les années 1990, plus personne ne voulait entendre parler de hard rock, puis il y a eu un retour et un renouvellement des groupes dans la région au début des années 2000. » Il s’arrête. Reprend. « Il y a dix ans, il y avait beaucoup de métalleux à Toulon, j’en avais tous les jours au magasin… Maintenant, je dois en avoir quinze dans la semaine. » Plusieurs facteurs peuvent expliquer une partie de ce coup de mou dans le métal : la faible teneur de l’agglomération toulonnaise en cafés-concerts, la préférence sudiste pour les boîtes de nuit et autres clubs, ou encore la difficulté des groupes de vivre de leur art et de jouer en dehors de l’agglo. Mais plusieurs signes font plus qu’indiquer que cette page est en train de se tourner. D’abord, la présence d’un public fidèle et mobilisé qui demeure. «Je programme chaque année des groupes de métal, glisse Vincent Lechat, de l’espace Malraux, à Six-Fours. Les 1 100 places sont occupées, et les gens viennent de l’aire toulonnaise.» Ensuite, la présence de nombreux groupes – estimés à une cinquantaine –, tirés par quatre ou cinq formations telles que Oil Carter, Eon, Riff ou Indust qui réussissent – dans le cas d’Oil Carter – à jouer devant des milliers de personnes comme lors du Bol d’Or, sur le circuit du Castellet. Enfin, la programmation métal dans l’agglo s’est considérablement étoffée, à tel point qu’il est pratiquement possible de voir un concert de métal par semaine. « Sur la vingtaine de groupes prévus entre avril et juin, sept sont des groupes de métal », détaille Brahim Ben Fredj, le programmateur de L’Hélice. Pourquoi pas un retour de Metallica le 20 septembre 2018, histoire de fêter les trente ans de sa première toulonnaise ?