Var-Matin (Grand Toulon)

«Olive Tamari était un peintre humaniste »

Interview Thierry Siffre dédicacera ce soir à la librairie Charlemagn­e la biographie de ce peintre, graveur et poète, au coeur de la foisonnant­e vie artistique du Toulon d’avant-guerre

- CATHERINE PONTONE

Il ne l’a pas connu et pourtant... Thierry Siffre, amoureux d’écriture et féru d’histoire, partage dans les moindres détails la vie bouillonna­nte et artistique d’Olive Tamari. Durant deux ans, il s’est penché « avec plaisir » sur les quatre-vingt-deux ans d’existence du peintre, graveur et poète. Au fil de ses recherches et de ses rencontres « formidable­s avec une quarantain­e de personnes » et qui lui ont notamment ouvert les archives familiales, ce Toulonnais signe une biographie 1898-1980 de cet enfant de Toulon, natif de La Seyne. Un ouvrage de 220 pages immortalis­ant sur papier glacé l’oeuvre et la vie de l’artiste qu’il s’apprête ce soir à dédicacer à la librairie Charlemagn­e (1). Dans cet ouvrage très documenté, édité pour l’heure à 220 exemplaire­s, il dépeint l’oeuvre de celui qui dirigea l’école des Beaux-Arts à Toulon, véritable épicurien de l’art et qui refusa de s’enfermer dans un courant artistique. Il ouvre également les portes de ce qui fut, aussi, le Toulon d’avantguerr­e ou de l’entre-deux-guerres, et du foisonnant cercle culturel autour de l’atelier mythique de la place d’Armes... Là où jadis son père, directeur du « Petit Marseillai­s », le plus grand dépôt de presse du Var, tenait une grande librairie... Thierry Siffre qui préside, depuis un an et demi, l’associatio­n « Les Amis d’Olive Tamari », forte d’une quarantain­e de membres, entend avec une poignée de passionnés faire revivre l’artiste au travers d’exposition­s pour remettre en lumière les oeuvres de « cet humaniste, généreux et tolérant » qui s’est éteint en 1980 à l’âge de 82 ans. Rencontre. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? J’ai toujours écrit et suis un amoureux de littératur­e. L’envie d’écrire sur Olive Tamari est née d’une heureuse rencontre, il y a trois ans, avec son petit-neveu, André Guiot, dont la grand-mère était la soeur

d’Olive Tamari. Il a gardé une profonde affection pour son grand-oncle dont il trouvait qu’il tombait, non pas dans l’oubli, mais était d’une génération d’artistes dont on parlait moins. Et ce, comparé à d’autres comme Eugène Baboulène, Louis Nattero ou encore Laurent Mattio. Puis, après sa mort, aucun galeriste n’a pris le relais pour promouvoir l’oeuvre. Depuis la grande exposition à la Villa Tamaris en , ce fut le silence radio. Dès le départ j’ai voulu faire une biographie en « bleu majeur », une formule que j’ai empruntée de Luc Estang, rédacteur en chef du journal La Croix, grand-prix de l’académie française du roman, et ami intime d’Olive Tamari. Je tiens aussi à remercier l’ensemble des personnes qui, par leurs témoignage­s et documents, m’ont apporté une aide précieuse, dont notamment Christian Colombani, Michèle Dolfi-Mabily, Jane Bottino, Gaston Secondi, André Guiot et Alice Mattio. Un peintre qui a traversé le XXe siècle ... Il commence sa carrière en peignant le port de Toulon en  et meurt le pinceau à la main le  novembre  dans son atelier-domicle de la rue Hyppolite-Duprat, où il restait une oeuvre inachevée du port. Elle fera la Une de Var-matin ,à l’époque.

Vous evoquez un univers très vivant... En me penchant sur l’oeuvre de l’artiste peintre, j’ai découvert dans les archives un univers particulie­r et très vivant autour de deux grandes dominantes. Cet homme très humaniste et généreux, a traversé tous les soubresaut­s du siècle. Puis, il est passé par tous les grands mouvements picturaux de  jusqu’en  : figuratif , surréalism­e avec à mon sens une tendance mystique, puis à l’aprèsguerr­e à une autre recherche picturale avec l’abstractio­n géométriqu­e. C’est à cette époque qu’il rentre au plus grand Salon des réalités nouvelles à Paris en . En , il en deviendra secrétaire­général et jouera un rôle très important dans l’école abstraite. Il démissionn­era après s’être vu reprocher de faire encore du figuratif. Il a toujours continué à travailler plusieurs styles. Et en , il entre à l’école des Beauxarts de Toulon, et où il restera jusqu’en .

Et il peint beaucoup en bleu... Il a commencé à initier le célèbre « Bleu Tamari » dans ses premiers tableaux d’avant-guerre. Et de plus en plus il peint en cette couleur. Dans ses ouvrages de poésie, il célèbre le bleu, la peinture, la liberté en matière de peinture et d’art. Inconsolab­le à la mort de sa femme en , il évoque son amour disparu dans un ouvrage de poésie en évoquant «l’étoile de mer, l’étoile dans le ciel ».

Un peintre et un artiste indépendan­t”

Il a fait deux grandes donations vers la fin de sa vie... L’une d’une vingtaine de toiles au collège Peiresc à Toulon, et une autre de vingt-six grandes toiles à la ville de La Seyne. Il a toujours été un peintre et un artiste indépendan­t et n’a jamais voulu une galerie attitrée. Il a eu ce courage de toujours tenter quelque chose de novateur en peinture et de s’être tourné vers la jeunesse. 1. Rencontre dédicace, ce jeudi, à 18 h, à la Librairie Charlemagn­e, 50 bd de Strasbourg à Toulon.

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(Photo Patrick Blanchard) Celui qui préside aux destinées de l’associatio­n « Les Amis d’Olive Tamari » signe une biographie sur le peintre, sculpteur, et poète.

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